Auteur Sujet: Un brin de savoir  (Lu 5564 fois)

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olafgdumvardangh

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Un brin de savoir
« le: 23 août 2013 à 11:47 »
Un brin de savoir          Nouvelle par Jerry Oltion

L'éclair jaillit du ciel limpide.
Jedra, occupé à  marchander le prix d'une nouvelle outre,
tressaillit sous le coup du brillant flash bleu qui illumina les étals
de nourriture, de vêtements et de sellerie.
Au même moment, un coup de tonnerre se fit entendre dans tout le bazar,
retentissant sur les murs en brique des édifices bas qui entouraient les lieux.

Jedra se retourna, les oreilles bourdonnantes, pour voir une chaise à  porteurs
sur le sol à  seulement quelques mètres de là .
Le templier obèse qu'elle transportait brossait avec colère
le sable sur sa robe noire de cérémonie pendant que trois esclaves
redressaient frénétiquement la chaise.
Le quatrième gisait sur le sol, une plaque de sable fondu
bouillonnant à  quelques centimètres de son corps fumant.

Jedra supposa que l'esclave avait dû trébucher et faire tomber le templier,
et que ce dernier l'avait tué pour cela.
Affaire classée.

L'activité s'était interrompue dans le bazar,
mais reprit rapidement comme d'autres en arrivaient à  la même conclusion.
Jedra se retourna vers le vendeur d'eau, un vieil elfe coriace affublé d'un bandeau
sur l'œil gauche, et dit: "D'accord, deux tesselles pour l'outre mais seulement si elle est pleine".
L'elfe scruta Jedra, essayant sans doute de juger à  combien il pouvait faire monter ce jeune demi-elfe
efflanqué, mais finalement il acquiesça. "Vendu", dit-il, et il remplit le sac en cuir,
en forme de larme, au tonneau se trouvant derrière son étal, faisant attention
à  ne pas en renverser une seule goutte, pendant que Jedra puisait dans sa bourse
deux fragments de pièce de céramique.
C'était toute la fortune qui lui restait.
S'il voulait manger aujourd'hui, il devait trouver un travail
ou fouiller les ordures à  la recherche de quelque chose qu'il pourrait vendre.

Prenant l'outre à  l'elfe, il bu le quart de son contenu en deux longues gorgées,
puis la passa autour de son épaule.
Le poids de l'eau le réconforta.
Au moins, il ne mourrait pas de soif aujourd'hui.

Le templier, ainsi que la chaise et le cadavre, étaient déjà  repartis
quand il se retourna.
Tout ce qui restait de l'incident était la petite flaque de sable vitrifié
provoquée par l'éclair.
Jedra, toujours curieux, donna un petit coup avec le bout de sa sandale.
Un morceau de verre s'en détacha.
Il faisait plusieurs centimètres de large et, quoique fin à  sa périphérie,
atteignait presque trois centimètres d'épaisseur en son centre.

Il se baissa et attrapa le fragment,
mais faillit le laisser tomber quand il le regarda.
Là , parmi les bulles et les striures, dansait la minuscule image inversée d'un thri-kreen.
« Modifié: 24 octobre 2013 à 19:20 par olafgdumvardangh »

olafgdumvardangh

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« Réponse #1 le: 28 août 2013 à 19:52 »
Il regarda au-delà  du verre.
La créature en question se tenait au milieu du chemin.
Son corps insectoïde à  six membres, ressemblant à  celui d'une mante,
brillait sous la lumière solaire alors qu'il (elle ?) examinait un gythka
- une arme d'hast avec des lames aux deux extrémités - devant l'étal d'un armurier.
Le thri-kreen semblait ignorer la présence de Jedra manipulant son morceau de verre.

Prudemment, de peur d'avoir moins de chance la seconde fois, Jedra regarda à  nouveau
à  travers le verre; se faisant, il pivota lentement en regardant défiler
- à  reculons - le bazar renversé.
Personne ne semblait ressentir quelque effet, et si il en existait réellement.
Jedra passa sa main libre derrière le verre pour voir s'il pouvait percevoir
une sensation quelconque.
Un point de lumière intense glissa sur son poignet,
et, quand il s'arrêta pour le regarder, il sentit un aiguillon vif de chaleur.
Le verre l'avait brûlé !
Jedra frotta son poignet mais sourit.

Le verre contenait toujours une fraction de l'éclair qui l'avait créé.
Il pouvait valoir un bon prix auprès de la bonne personne.
Il jeta un coup d'œil sur un étal d'épices, recouvert d'herbes et de racines.
Il s'agissait, selon la rumeur, d'un point de vente du marché noir
où on pouvait trouver les éléments nécessaires aux opérations magiques.
Le propriétaire lui achèterait sans doute le verre.

Il fit quelques pas vers l'étal, puis s'arrêta, réalisant qu'il répugnait
à  se départir aussi vite de son nouveau trésor.
Un elfe abâtardi et apatride, sans entraînement magique, ne se retrouve pas
si souvent en possession d'objet merveilleux.
Il ne doutait pas qu'il lui faudrait le vendre en fin de compte,
mais la journée ne faisait que commencer et sa faim était toujours supportable.
Il voulait d'abord voir ce que le verre pouvait accomplir d'autre.

Il trouva un coin tranquille juste à  côté du bazar,
dans une allée bordée tout du long par des maisons aux murs de brique crue.
Leurs portes et leurs fenêtres en bois étaient hermétiquement closes
afin de retenir l'air frais de la nuit précédente.
Cet environnement donnait à  Jedra la tranquillité nécessaire à  son expérience.

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« Réponse #2 le: 29 août 2013 à 13:03 »
En à  peine quelques minutes, il découvrit le pouvoir principal du verre,
et la raison pour laquelle il avait été brûlé.
Quand l'objet était tenu à  la bonne distance, il faisait apparaître
les choses plus grandes qu'elles ne l'étaient en réalité,
cela s'appliquant également à  la chaleur du soleil rouge cuivré d'Athas.
La raison pour laquelle la plupart des choses ne demeuraient que des images,
tandis que le soleil semblait réellement apparaître derrière le verre,
restait un mystère.
La même interrogation subsistait sur la cause de l'inversion visuelle des objets.

Il avait trouvé une feuille morte qui devait sans doute provenir du jardin royal.
En effet, rares étaient les hommes libres, vivant dans ces maisons grossières,
qui gaspilleraient de l'eau pour faire vivre une plante.
Il venait juste de l'enflammer quand il sentit une présence dans son esprit
comme si quelqu'un l'observait.
Il avait appris à  faire confiance à  une telle sensation;
il leva les yeux et vit un noble humain d'environ une soixantaine d'années,
qui se tenait à  l'autre extrémité de l'allée, l'air ébahi.
Maudissant son insouciance, Jedra se leva et commença à  marcher rapidement
vers le bazar.
L'homme devait avoir vu la feuille s'enflammer et avait dû certainement
en tirer la conclusion que Jedra était en train d'utiliser l'objet en verre
pour accomplir un sortilège magique.

Jedra n'était manifestement pas un templier.
Or, de par la loi, seuls ces derniers et le Roi-Sorcier lui-même
avaient le droit d'utiliser la magie.
Un mage pris en train de pratiquer son art pouvait être vendu comme esclave,
voir même être exécuté.
Non habitué à  la magie et à  ses implications, Jedra n'avit même pas envisagé ce danger.

Il en prenait conscience maintenant.
Transpirant soudain, il courut vers le bazar, espérant se perdre dans la foule,
mais il avait à  peine fait douze pas que le noble ordonna:
"Arrêtez-le !"
Ces mots poursuivirent Jedra à  l'extérieur de l'allée.
Il en sortit pour trouver tout le monde en train de le regarder.
Aucun des innombrables vendeurs ne fit un mouvement pour l'attraper,
pensant simplement qu'il était un voleur ordinaire.
Mais, quand le noble sortit de l'allée derrière lui et hurla:
"Un magicien, arrêtez-le !",
ils passèrent à  l'action.

Un demi-géant grand et massif avec des bras de la taille des jambes de Jedra
lança un sac de grain de son épaule alors que Jedra passait en courant,
le frappant en plein dans le dos.
Il tituba en avant sous le coup mais garda son équilibre,
seulement pour se retrouver bloqué par un nain compact et musculeux.
La tête carrée du nain n'atteignait que la poitrine de Jedra,
juste assez haut pour faire exploser sa nouvelle outre sous l'impact.

Il esquiva le nain en le contournant, mais tout le bazar semblait maintenant
se mettre à  ses trousses.
Les ordres d'un noble avaient quasiment toujourd force de loi,
en particulier les ordres que les templiers auraient manifestement approuvé.
Personne parmi la foule ne voulait être pris à  désobéir
de peur d'être accusé de l'avoir aidé à  s'enfuir.
De tels gens se retrouvaient souvent à  partager le destin de la proie.

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« Réponse #3 le: 30 août 2013 à 12:14 »
Jedra pivota et replongea dans l'allée, évitant le nain et le demi-géant.
Il renversa le noble, mais s'arrêta en dérapant quand il réalisa que le cri de ce dernier
avait également ameuté d'autres gens à  l'autre extrémité.
Il était piégé.
Il regarda des deux côtés mais ne vit que les portes closes et les fenêtres aux volets fermés
des maisons qui bordaient l'allée.
Pouvait-il sauter jusqu'à  un rebord de fenêtre, et, de là , jusqu'à  un toit, une terrasse ?
C'était peu probable, mais il ne pouvait penser essayer autre chose.
Il s'accroupit pour sauter, mais ce faisant, eut la sensation d'avoir ouvert un trou
dans le sol au lieu de s'élancer.
Il entendit des hoquets de surprise parmi la foule et regarda vers le bas
pour voir un cercle scintillant de ténèbres sous ses pieds.
Il eut juste le temps d'hurler avant de passer au travers.

Bien qu'il fut retombé en équilibre sur du sable fortement comprimé,
les conséquences de son saut avorté et de ce bref instant de désorientation,
l'envoyèrent à  terre.
Il étendit ses mains pour atténuer sa chute
et le verre s'envola de son poing pour se poser dans un cercle de cendres
près d'une paire de bottes en cuir noir.

S'efforçant de voir dans la lumière incertaine,
Jedra leva la tête pour apprendre à  qui appartenaient les bottes.
Un petit homme sec avec des cheveux noirs bouclés se tenait devant lui.
L'homme se baissa pour ramasser le verre.

"Qui êtes-vous ?" demanda Jedra tandis qu'il se levait
et prenait conscience de ce qui l'entourait.
Mais le cercle de cendres autour des pieds de l'homme
lui en avait déjà  beaucoup appris.
C'était un mage, et non un templier.
Ces derniers tiraient leur pouvoir du Roi-Sorcier de la cité,
mais les magiciens devaient puiser leur force vitale autour d'eux.
Chaque fois que l'un d'entre eux lançait un sort,
il tirait son énergie de la vie végétale et du sol fertile autour de lui.
Si le mage ne faisait pas attention, il drainait toute la force vitale
de la zone qui l'entourait, la réduisant en cendres.

L'homme ne répondit pas.
Il examina le verre avec attention, le lâchant presque quand il vit
les images renversées de la pièce glissant à  travers lui.
"Oh ! oh !" dit-il.
"C'est donc cela qui a provoqué toute cette agitation. Est-ce ton œuvre ?"

Jedra ne savait vraiment pas quoi répondre.
Il regarda autour de lui et vit qu'il était dans une maison à  une seule pièce.
Il y avait un petit lit dans un coin, une table basse faite de planches anciennes
et deux chaises étrangement sculptées dans un autre,
un coffre imposant en bois et une commode grossière dans un troisième,
le dernier meuble trônait dans le dernier coin, un bureau recouvert de parchemins,
de baguettes et d'outils qui ne lui étaient pas familiers.
Une fenêtre s'ouvrait sur une cour commune et permettait à  un rai de lumière solaire
d'illuminer la pièce.
La fenêtre du mur opposé était close,
mais Jedra pouvait entendre la foule confuse criant juste derrière.
Manifestement, l'homme l'avait secouru avec une espèce de sort
pour une raison que Jedra ne pouvait imaginer.
Finalement, il dit simplement: "Çà  se pourrait.
- Bonne réponse, dit l'homme, permets-moi de me présenter.
Je suis Dornal, mage et membre de l'Alliance Voilée."
« Modifié: 30 août 2013 à 12:19 par olafgdumvardangh »

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« Réponse #4 le: 01 septembre 2013 à 20:52 »
Jedra pensa inventer un nom, mais il semblait inutile de mentir à  un magicien.
"Jedra", dit-il.
Dornal sourit.
"J'ai eu raison de te secourir Jedra.
Tu as des pouvoirs que l'Alliance aimerait apprendre.
Tu as entendu parler de nous, n'est-ce pas ?"
Jedra acquiesça de la tête.
Bien sûr qu'il en avait entendu parler.
L'Alliance Voilée était supposée être une ligue de magiciens
opposée aux Rois-Sorciers et à  leurs templiers,
ainsi qu'aux mages peu scrupuleux en général,
et aux profanateurs en particulier.
Ils travaillaient plus à  reconstituer la force vitale du monde
qu'à  l'utiliser pour donner du pouvoir à  leurs sorts.
Ils formaient un groupe secret à  l'existence duquel Jedra
n'avait qu'à  moitié cru jusqu'à  présent.

"J'étais en train de regarder à  travers les volets
quand je t'ai vu en train d'accomplir ton sort brûlant,
reprit Dornal louchant sur les images dans le verre.
Je suppose que ceci est utilisé dans le processus ?"
Il se dirigea vers la fenêtre ouverte.
"Ne regardez pas le soleil !"
Le mage baissa le verre et étudia Jedra sous sourcils froncés.
"Il grossit les choses, même la lumière du soleil.
Vous pourriez vous brûler un œil avec.
- Oh." Dornal examina le verre avec un intérêt renouvelé.
"Et qu'étais-tu en train de faire avec ?
- Expérimentation.
- Bien sûr."

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« Réponse #5 le: 02 septembre 2013 à 18:36 »
Un changement subtil dans le bruit provenant de l'extérieur
fit aller Dornal à  la fenêtre.
Il regarda à  travers les fissures des volets,
puis se retourna soudain.
"Ils ont amené des templiers pour trouver les sources de magie dans le coin.
Nous devons y aller."
Il marcha vers la commode, y prit un sac de voyage en tissu
et commença à  y mettre des vêtements et des affaires de valeur.
Le verre lumineux alla dans le sac.
Jedra le remarqua.
"Aller où ? demanda-t-il.
- Nous devons quitter la cité pendant un temps, répondit Dornal.
Je risque gros à  partir avec toi ainsi à  découvert.
Les templiers peuvent suivre la trace de l'utilisation de la magie,
et ils n'aiment pas être contrariés;
ils nous chercheront pendant de nombreux jours avant d'abandonner.
- Des jours !
- Eh oui.
Nous serions donc avisés de rester à  l'écart de leur chemin
jusqu'à  ce que le temps passe."
Dornal tira une longue tunique multicolore de la commode et la lança à  Jedra.
"Voilà , mets-toi ça."

Jedra accepta, voyant là  au moins un signe de sagesse.
Il était sur le point de discuter l'idée de quitter la cité,
quand Dornal lui jeta un sac en cuir et dit:
"Garde cela hors de vue."

Jedra faillit s'évanouir quand il l'ouvrit et vit deux poignées
de pièces d'argent et d'or.
Il n'avait jamais tenu une seule pièce d'argent avant.
Il fallait au moins douze vies pour constituer une fortune de cette taille,
et au moins une pour la dépenser.
Dornal devait être un magicien plutôt puissant pour confier à  quelqu'un
qu'il venait juste de rencontrer le soin d'une telle richesse.
Et s'il en était ainsi, il en savait certainement bien plus que lui
sur la manière de se préserver des templiers.
Le garçon se débarrassa des débris de son outre et en utilisa la courroie
pour attacher le sac d'argent autour de son cou,
s'assurant qu'il pendait caché en dessous de sa tunique.
Dornal jeta un autre sac d'argent dans son sac de voyage,
ferma celui ci et franchit la porte de derrière.
"Tu viens ?" demanda-t-il.
Jedra ne voyait pas d'autre choix,
en particulier si les templiers étaient à  sa recherche.
"Je suppose", dit-il, et il suivit le magicien.

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« Réponse #6 le: 03 septembre 2013 à 19:51 »
En quelques heures, il se trouva à  partager la cabine étriquée du pont supérieur
d'une caravane marchande se dirigeant vers Tyr.
C'était à  peine une caravane, en fait, tout juste un énorme chariot tiré par deux mekillots
tout aussi énormes - de longues et larges créatures ressemblant à  des lézards gonflés
avec un cuir assez épais pour détourner les flèches.
Le chariot qu'ils tiraient ressemblait à  un château sur roues,
complété de parapets depuis lesquels des gardes
pouvaient tirer sur des pillards et des bêtes sauvages habitant le désert.
A l'intérieur se trouvait un enchevêtrement de ponts et de compartiments,
avec une charge utile assez importante pour contenir toutes les marchandises d'un bazar.

La cargaison du chariot comprenait également des esclaves,
destinés à  travailler; et probablement à  mourir,
sur le chantier de la ziggourat du Roi-Sorcier de Tyr
que celui-ci avait décidé de construire.
Jedra frissonna quand il pensa aux pauvres créatures
entassées dans l'obscurité juste à  quelques ponts en dessous du sien.
Sans l'intervention de Dornal, il aurait pu lui aussi
se trouver dans une situation similaire.

L'odeur âpre et musquée du cuir de mekillot
envahissait la cabine par l'unique hublot d'une coudée de diamètre,
mais fermer le volet aurait été pire.
Jedra observa alors un autre chariot prendre la tête du convoi.
Ils avaient à  peine quitté la cité, que Jedra était déjà  en train de transpirer.
Il savait que cela allait être encore pire dans le cours de la journée.
Ils avaient tout l'air frais dont ils avaient besoin,
même s'il avait l'odeur de la poussière et du lézard.

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« Réponse #7 le: 07 septembre 2013 à 12:59 »
Ils avaient également besoin de la lumière que la fenêtre laissait passer.
Dornal était en train d'examiner le mystérieux morceau de verre,
le tenant à  la lumière et pyrogravant des lignes
sur la minuscule table dépassant du mur opposé.

"Il semble qu'il n'y ait pas besoin de force vitale pour l'alimenter, dit-il.
Vraiment étonnant.
Qu'est ce que ça peut faire d'autre ?
- Vous avez vu comment il agrandit les choses", dit Jedra.

Il était assis sur le bord de l'unique banc de la cabine,
essayant de ne pas être malade en raison du roulis du chariot.

"Oui, oui, et il fait apparaître les choses éloignées plus petites
en en renversant l'image, répondit Dornal.
Je n'en vois pas l'utilité, à  moins que l'on puisse
vraiment rétrécir et renverser les choses.
Il y a peut-être un sort pour cela ?

- Je ne sais pas, dit Jedra.
Je ne le pense pas.
- Tu ne le penses pas."
Dornal scruta Jedra à  travers le verre.
"Tu sais, je crois qu'il devient fort clair que tu ne sais vraiment pas grand chose de ce...
cet objet.
Tu ne l'as pas fait toi-même, n'est-ce pas ?"
Jedra avait redouté cet instant.
Il pensa à  mentir, mais il savait qu'il serait démasqué en deux temps
trois mouvements.
Il répondit à  contre-cœur.
"Non, mais j'ai vu comment il a été fait.
-Oh, c'est vrai ?
Dis m'en plus.
Quels furent les sorts utilisés ?"

Dornal était manifestement en train de le tester.
Jedra décrivit précautionneusement comment le templier avait invoqué l'éclair
et comment il avait trouvé le verre par la suite.

"Un sort d'éclair, dit Dornal d'un ton rêveur quand l'autre eut fini.
Oui, je suppose qu'il y a assez d'énergie dans un sort d'éclair
pour faire quelque chose comme ça, mais si un templier ne le fait pas dans ce but,
je suppose qu'il n'en sait pas plus que toi sur le sujet.
- Probablement.
- Et tu ne sais presque rien.
Tu n'es pas un magicien n'est-ce pas ?
- Non, admit Jedra.
Il ajouta avec espoir:
mais je pourrai apprendre."

Dornal rit légèrement, et à  son rire, Jedra sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale.
" Oh sans doute peux-tu apprendre.
Tu as le potentiel.
Je peux le sentir en toi.
Mais je ne vois aucune raison d'aider un concurrent."
Il agita un bras et Jedra sentit ses muscles se bloquer sur place.
Le chariot fit une embardée.
Une de ses roues était sans doute passée dans un cercle de cendres
apparu soudainement au moment où le magicien avait lancé son sort.
Incapable de garder son équilibre, Jedra tomba de côté, sur le banc.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #8 le: 24 octobre 2013 à 19:17 »
Il pouvait toujours parler, mais avec effort.
"Qu'êtes vous en train de faire ? demanda-t-il.
- Je reprends ce qui est mien."
Dornal s'agenouilla à côté de Jedra et retira le sac d'argent
qui se trouvait sous sa tunique.
"Merci d'avoir passé cela aux portes de la cité pour moi,
dit-il, versant dans sa main une collection de cristaux et d'amulettes
qui aurait identifié de manière flagrante toute personne les portant
comme un magicien.
Je n'étais pas sûr que nous pourrions les passer sans problème."

Dornal avait lancé un genre quelconque d'illusion sur le sac,
réalisa Jedra.
Il frappa le magicien de toutes ses forces,
mais ses membres liés par le sort bougeaient à peine.
"Vous m'avez utilisé, siffla-t-il.
-C'est vrai.
Tu as été utilisé.
Mais, là où tu vas, tu vas pas mal l'être.
- Où est-ce ?"

En guise de réponse, Dornal regarda simplement vers le bas.
Puis il agita sa main de nouveau et Jedra perdit entièrement conscience.



Jedra se réveilla au milieu de la chaleur et de l'odeur intense
de dizaines de corps suants et sales.
La seule lumière venait de deux fenêtres à barreaux
situées sur chacune des deux portes de la soute.
Ces dernières ne s'ouvraient que sur l'escalier sombre menant aux cabines.
Le garçon n'avait pas besoin de lumière pour savoir où il se trouvait.
Dornal l'avait vendu en esclavage, probablement pour à peine plus
que le coût de son passage.
Il lui avait enlevé sa tunique et il ne portait plus maintenant qu'un simple pagne.

Il se redressa et regarda autour de lui.
Il y avait entre une vingtaine et une trentaine d'individus avec lui,
tous liés par les poignets et les chevilles avec de lourdes menottes en cuir
et attachés au mur par des cordes fixées à des colliers autour de leur cou.
Jedra vit que le maître des esclaves n'avait pas été tatillon;
il y avait des humains, des nains, un elfe et même un des Thri-kreen insectoïdes.
« Modifié: 17 septembre 2015 à 15:39 par olafgdumvardangh »

Salammbô

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #9 le: 24 octobre 2013 à 19:36 »
Et la boucle est bouclée !
Merci pour le récit, père Castolaf !

olafgdumvardangh

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #10 le: 26 octobre 2013 à 12:33 »
Waaagh ma Thri-kreen,

Et la boucle est bouclée !
Merci pour le récit, père Castolaf !
Pas exactement  >:D

Lis bien le septième message de ce topic:
"Jedra observa alors un autre chariot prendre la tête du convoi."

"OLAF"

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #11 le: 26 octobre 2013 à 18:55 »
"Qu'as-tu fait pour irriter le maître du chariot ?"
Il se retourna et vit une petite femme à la bouille ronde assise à côté de lui.
Elle portait un bustier en plus de son pagne.
"J'ai fais confiance à un magicien", dit-il après un moment.
Elle rit, mais sans se moquer.
"Ce n'est pas une idée sage", dit-elle.

Un nain situé à deux personnes de là rit ironiquement, mais pas de Jedra.
Avec une voix ressemblant au son du tonnerre lointain, il dit:
"Tu peux parler, Templière !"

Les autres esclaves rirent.
Jedra fixa la femme sans masquer son étonnement.
Elle, une Templière ?
"Faux", répondit-elle au nain.
"J'étais une guérisseuse.
Mes pouvoirs sont psioniques et non magiques;
et pour être templier, il faut connaître la magie."

Jedra ne connaissait quasiment rien au sujet des psioniques,
les capacités mentales auxquelles peuvent faire appel certaines personnes
à la place de la magie.
Il savait simplement que de tels pouvoirs étaient supposés
ne pas nécessiter d'énergie vitale pour fonctionner.
Il s'était demandé si sa propre capacité de savoir si les gens étaient en train
de le regarder était psionique ou non,
mais il n'avait jamais trouvé quelqu'un pouvant lui répondre.

Il était sur le point de poser la question à la femme à côté de lui,
mais le nain n'avait pas fini de la railler:
"Tu travaillais pour les Templiers, dit-il, c'est pratiquement la même chose.
- Les esclaves travaillent égalementpour eux, lui rétorqua-t-elle.
- Mais ils t'ont payée.
Avec du sang en guise d'argent", répondit le nain.

Jedra n'aurait pas, normalement, pris parti pour l'un ou l'autre camp,
mais il voulait parler avec cette femme.
De plus, il ne pouvait s'empêcher de remarquer qu'avec un bain
et une occasion de brosser ses cheveux bruns mi-longs,
elle serait plutôt jolie.
Cela lui suffit pour dire:
"Est-ce que cela a une importance ?
Nous sommes tous esclaves maintenant."

Le nain grogna.
"Ah oui, grand merci à elle, et peut-être à toi aussi, hein ?
Tu aimes les Templiers, n'est-ce pas ?"

Etourdipar cette soudaine accusation,
Jedra bégaya:
"Euh, bien sûr que non.
Enfin je veux dire..."

Reste en dehors de ça, dit nettement la voix de la femme dans son esprit.
Je peux m'en sortir seule.
Elle reprit à voix haute:
"Laisse-le en paix; et moi aussi, ou je prendrai soin de te clore le bec.
- Peuh!" renifla le nain, mais Jedra remarqua qu'il s'était tu.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #12 le: 27 octobre 2013 à 19:22 »
La femme reporta son attention sur Jedra.
"Mais comment le fait d'avoir fait confiance à un magicien t'a-t-il au juste amené ici ?"

Jedra lui raconta toute l'histoire au sujet du morceau de verre lumineux,
terminant par la trahison de Dornal...
"Il t'a dit qu'il était un de Ceux-Qui-Portent-le-Voile ? demanda-t-elle.
- C'est ça.
- Et bien ce fut son premier mensonge.
L'Alliance Voilée n'est réellement constituée pour sa plus grande partie
que de magiciens honnêtes.
Mais ils sont aussi secrets que des voleurs quand il leur arrive d'en parler,
et détestent les gens comme ce Dornal.
- J'aurai souhaité savoir ça plus tôt", répondit Jedra.

Elle rit de nouveau.
"Nous voudrions tous avoir su quelque chose que nous ne savions pas,
sinon nous ne serions pas là, c'est sûr.
Quel est ton nom ?
- Jedra, et toi ?
- Kayan."

Jedra regarda toute la soute, mais les autres esclaves avaient perdu tout intérêt à leur sujet.
Il s'inclina pour se rapprocher d'elle.
Il demanda doucement:
"Comment fais-tu pour parler dans mon esprit ?"
Tu veux dire émettre des pensées ?
C'est un pouvoir psionique simple.


Ce n'était pas tout à fait comme entendre une voix,
mais Jedra comprenait parfaitement les mots.
Son intention de la questionner sur son pouvoir disparut
pour laisser place à une question soudaine plus immédiate:
"Quelle distance peux tu couvrir avec ce pouvoir ?
demanda-t-il avec excitation.
- Cela dépend de la manière dont j'arrive à visualiser la personne
avec qui je veux établir un contact, dit-elle à haute voix.
Si c'est quelqu'un que je connais, je peux lui parler à peu près n'importe où.
Autrement, il doit être proche.
- Alors tu peux appeler à l'aide !"

Elle hocha la tête.
"A qui demanderais-je ?
La plupart des gens que je connais font partie de ceux qui,
les premiers, m'ont mis ici.
Ils penseront que c'est vraiment drôle de m'entendre maintenant.
- Mais il doit bien y avoir quelqu'un...
- Ecoute, personne de ma connaissance ne rattrapera une caravane
juste pour secourir un couple d'esclaves.
Alors à moins que tu connaisses quelqu'un...

- Les Jura Daï le pourraient."

olafgdumvardangh

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #13 le: 28 octobre 2013 à 19:49 »
La voix était haute et pure, et venait de l'autre côté de la soute par rapport à Jedra.
Il leva les yeux pour voir un elfe qui le fixait.
Ses yeux étaient très rapprochés et son nez long et fin.
Tout en lui était allongé.
Même à genoux, ses membres s'étendaient presque jusqu'à Jedra.
Ses cheveux roux atteignaient le sol en dépit de leurs tresses.
Il était presque une version exagérée de Jedra,
dont les caractéristiques elfes avaient été polies et raccourcies par son héritage humain.
"Quoi ?, demanda Kayan.
- Je suis Galar de la tribu des Jura Daï.
Mon peuple viendrait pour moi s'il savait où je me trouve.
- Il attaqueraient la caravane rien que pour toi ?"
Galar rit: "Il y a également plein de trésors à bord."
Jedra dit à Kayan: "Tu peux envoyer un message à sa tribu !"
Kayan secoua la tête.
"Je ne connais personne de sa tribu.
A moins qu'ils ne voyagent près de nous, je ne peux les atteindre.
- Tu peux essayer.
- Et me retrouver foudroyée, inconsciente, par les gardes ?
- Hein ? Comment  pourraient-ils y faire quelque chose ?"

Elle le regarda comme s'il avait de la bave sur le menton.
"Un des gardes est un psioniste.
C'est une de leurs méthodes pour maintenir l'ordre parmi les esclaves.
Il surveillera les tentatives de fuite.
- Oh."

L'expression de Kayan se radoucit.
"Ecoute.
J'essaierai tout de suite si je pensais que cela peut marcher,
mais je connais mes limites.
Je ne peux pas contacter un elfe quelconque pris au hasard
se trouvant à l'extérieur d'ici.
Ce n'est vraiment pas comme cela qu'il faut s'y prendre."

Jedra acquiesça, sentant l'espoir le quitter rapidement,
mais une pensée soudaine l'empêcha de plonger dans le désespoir.
"Attends une minute.
Ces pouvoirs psioniques, peux-tu les enseigner ?
- Eh bien, il faut avoir certaines capacités inhérentes,
mais sinon c'est possible.
Pourquoi ?"
Jedra inclina la tête vers Galar:
"Tu pourrais lui apprendre, il connait plein d'elfes."

Kayan regarda Jedra comme s'il venait de suggérer de s'échapper par une trappe
-et qu'ensuite il la lui montrait sous ses pieds.
Mais elle était esclave depuis assez longtemps pour savoir l'effet débilitant
que pouvaient avoir les faux espoirs.

"Bien, dit-elle précautionneusement, cela peut valoir le coup d'essayer."   

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #14 le: 30 octobre 2013 à 19:07 »
Galar, découvrirent-ils rapidement, avait autant de capacités télépathiques qu'une pierre.
Il ne pouvait même pas faire entendre psioniquement ses pensées dans la soute,
et encore moins dans l'étendue désertique qui le séparait de sa tribu.
Mais Jedra les surprit tous.
Après seulement quelques heures  d'enseignement dispensé par Kayan,
il apprit à envoyer ses pensées à n'importe qui dans cette geôle,
même au Thri-kreen.
Son contrôle était abominable - quiconque était proche de sa cible
entendait des voix embrouillées dans sa tête - mais la puissance brute
de ces émissions était bien supérieure à ce qu'avait vu auparavant Kayan.

"Tu ferais mieux d'arrêter, suggéra-t-elle après un souffle télépathique
qui avait atteint la moitié des esclaves de la soute.
Il est impossible que les gardes aient raté ça.
Ils peuvent ne pas faire attention à une petite activité télépathique entre les esclaves,
mais ils vont faire quelque chose si tu continues."

Jedra soupira.
Il avait eu une vision fugitivede quelque chose d'incroyable en lui,
puis il lui dit tout près:
"Je pense que je devrais essayer de contacter les Jura Daï.
Tu as admis que mon pouvoir était plus fort que le tien.
Je dois être capable de les atteindre.
- Non ! répondit Kayan en frappant de son poing le plancher les séparant.
Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Tes pensées non concentrées n'atteindraient même pas la première dune.
Tu dois apprendre à te contrôler en premier."

Elle s'appuya à nouveau contre le mur.
"Attends.
Attends le bon moment.
Tôt ou tard une opportunité viendra et là,
peut être, pourrons nous utiliser ton talent.
- Peut être", grommela Jedra, mais il supposa que Kayan avait raison.
Il attendrait - mais pas longtemps.
Il apprit rapidement que la meilleure manière d'attendre - et de fuir la chaleur -
était de passer le plus de temps possible incoscient.
Il se radossa contre le mur et laissa les cahots du chariot le plonger dans le sommeil. 

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #15 le: 22 novembre 2013 à 12:37 »
Jedra flottait sur le ventre dans une mare d'eau.
Le fond était hors d'atteinte, mais l'eau était si claire que seul un léger miroitement
lui indiqua qu'il voyait à travers autre chose que de l'air.
Il dériva paisiblement, observant son ombre glisser sur le sable en dessous.
Mais quand une autre ombre vint assombrir la sienne
et qu'il se retourna pour voir de qui il s'agissait,
il se retrouva en train de couler.

Il agita ses bras et ses jambes, mais l'eau ne pouvait le soutenir.
Il n'avait pas respiré pendant qu'il dérivait,
et il avait maintenant désespérément besoin de le faire,
mais ne le pouvait pas.
L'ombre étrangère s'étendit vers lui et Jedra sentit soudain une main attraper son bras
et le tirer vers le haut.

Sa tête perça la surface, et hoquetant pour respirer,
il cligna des yeux d'étonnement devant son sauveur.
C'était Galar, toujours enchaîné aux poignets.
Mais derrière lui, Jedra pouvait voir toute une tribu d'elfes,
avec leurs tentes colorées, leur troupeau de long bétail insectoïde nommé kanks
et leurs enfants à l'allure déjà élancée, jouant dans le sable...

Jedra s'assit, sursantant, momentanément désorienté de se retrouver
dans la soute à esclaves de la caravane marchande.
Il avait vu une tribu d'elfes !
Il pouvait toujours la voir nettement dans son esprit.

Son cerveau endormi aurait-il pu utiliser un genre quelconque
de vision psionique pour localiser les Jura Daï ?
C'était possible; Kayan lui avait dit qu'il avait d'autres talents
non maîtrisés en plus de la télépathie.
Jedra se tourna pour lui poser la question,
mais elle était toujours endormie.
Alors que maintenant il utilisait de nouveau ses yeux,
l'image dans son esprit commença à s'estomper.

Il ferma ses paupières et essaya de se concentrer.
C'était cela, ils étaient là,
toute une tribu d'elfes campant près d'une oasis.
Il pouvait encore les voir,
mais il ne pourrait conserver indéfiniment cette vision.

C'était maintenant ou jamais.
Se concentrant intensément sur la présence des elfes de sa vision,
il essaya de focaliser ses pensées de la manière que Kayan lui avait apprise.
Il sentit un signe de reconnaissance, le léger tiraillement d'un "contact".
C'était assez.
Il fit appel à toute l'énergie qu'il pouvait rassembler en une seule pensée:

Galar des Jura Daï est retenu prisonnier dans une caravane
à un jour d'Urik sur la route de Tyr...

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #16 le: 22 décembre 2013 à 19:36 »
Le châtiment vint soudainement et avec une telle intensité
que Jedra hurla comme s'il était en train de brûler vif,
car c'était exactement ce qu'il ressentait.
Il se tordait dans des souffrances atroces,
sentant sa peau se détacher en lambeaux de flammes.
la douleur était pire que tout ce qu'il avait imaginé comme possible.
Elle s'intensifiait sans cesse,
allant bien au-delà de ce qu'il aurait réellement ressenti avec un vrai feu.
Un véritable feu l'aurait tué à ce stade.

La douleur intense disparut ensuite, aussi soudainement qu'elle était venue.
Jedra s'effondra sur le plancher, suffoquant.
Kayan le souleva pour poser sa tête sur ses genoux.
"Tu as essayé, dit-elle.
- Un rêve, Jedra murmura à travers le souvenir de la douleur.
J'ai vu des elfes dans un rêve, j'ai vu ma chance.
- La chance pour nous d'être tous punis", grommela le nain,
regardant la porte avec circonspection.
Mais aucun garde n'apparut.
Galar regarda Jedra et demanda: "Les as-tu atteint ?
- Je ne sais pas."
Tout le corps de Jedra frissonna involontairement avec le relâchement de la tension.
"Je ne pourrai le dire."
Galar demanda à Kayan: "Pourrait-il vraiment les avoir vus dans un rêve ?"
Elle haussa les épaules.
"Qui sait ? C'est possible, je suppose.
Qu'as-tu vu ?"
Jedra décrivit le camp, avec ses tentes colorées et ses enclos plein de kanks.
"Des tentes colorées ? demanda Galar.
- Rouges, vertes et jaunes avec des bannières bleues et jaunes
flottant au dessus de leur sommet", répondit Jedra.

Galar secoua la tête tristement.
"Je ne sais pas ce que tu as vu, si tu as vraiment vu quelque chose,
mais les tentes des Jura Daï sont de la couleur du sable.
Leurs seules marques sont les totems de la tribu sur leurs parois."
Galar tendit son bras pour leur montrer le tatouage sur son poignet,
un nuage de pluie stylisé avec des dagues en guise de gouttes.

"Oh, dit Jedra en se remettant en position assise.
J'ai été stupide.
Je suis désolé.
- Ce n'est pas grave, répondit Kayan.
Tu ne pouvais pas savoir.
J'aurai sans doute fait la même chose à ta place.
- Je ne pouvais pas savoir, dit Jedra morose.
Ça pourrait être ma devise.
- Ne sois pas aussi dur avec toi même, dit-elle.
Tu es en train d'apprendre.
- Oh oui.
Je serai un maître au moment où je périrai sur la ziggourat."
Ceci dit, Jedra se détourna et refusa de répondre à d'autres paroles de réconfort.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #17 le: 30 décembre 2013 à 16:04 »
Le chariot continuait à rouler.
Jedra dormit, cette fois sans rêver d'elfes, et quand il se réveilla, c'était déjà le matin.
Les gardes apportèrent des écuelles d'eau en bois et des jattes de gruau peu épais,
mais Jedra en avait à peine mangé la moitié quand ils le délièrent
et le menèrent sur les ponts supérieurs du chariot.
Il s'attendait a être amené chez le psioniste et réprimandé pour son offense,
aussi fut-il surpris quand le garde le conduisit vers la cabine
qu'il avait partagée pendant une courte période avec Dornal.
Le garde frappa et le mage lui-même vint ouvrir la porte.

"Bien le bonjour, dit Dornal en s'écartant.
Entre donc."
Le garde poussa Jedra et il tituba dans la pièce.

"Merci," dit Dornal, jetant au garde une pièce d'argent.
Jedra s'étrangla.
C'était probablement plus d'argent que ce que l'homme pouvait gagner en un mois;
Dornal achetait manifestement son silence.
Rassuré, le garde s'en alla et ferma la porte derrière lui.

"Tu m'as fait des cachotteries, entama Dornal presque sur le ton de la conversation.
Tu n'aurais pas dû te comporter ainsi,
car maintenant je vais devoir utiliser des méthodes moins subtiles
pour obtenir les informations dont j'ai besoin."
Il agita ses mains et Jedra sentit une fois de plus ses muscles se bloquer sur place.

Le chariot fit une embardée.
Il se sentit basculer vers l'avant et essaya instinctivement
d'utiliser ses mains pour garder son équilibre.
Paralysés par le sort, ses bras ne bougèrent pas,
mais il n'en garda pas moins son équilibre.
Dornal, en face de lui, trébucha en arrière,
comme si Jedra était en fait en train de le pousser.

"Qu'est-ce que...?" demanda l'homme étonné.
Il se rétablit et agita de nouveau ses bras,
juste au moment où Jedra essayait frénétiquement d'imaginer
un poing heurtant violemment le magicien.
Dornal fut secoué par le coup,
mais le sort liant, qu'il venait de renouveler,
saisit le garçon avec la force d'un poing de géant;
il tomba face contre le plancher,
le cognant avec un bruit sourd.
Du sang dégoulina de son nez et il lui semblait
qu'il s'était mordu la langue.

"Tes trucs pitoyables ne t'aideront pas, jeune homme",
grommela Dornal, frappant Jedra de manière répétée jusqu'à ce que le demi-elfe
s'évanouisse presque sous la douleur de côtes cassées et d'un crâne fracturé.
Jedra essaya de crier, mais le sort liant ne le lui permettait pas.
Il essaya de frapper psioniquemen, mais la douleur l'empêcha de se concentrer.
 

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #18 le: 05 février 2014 à 20:11 »
Satisfait au moins du fait que Jedra fût maîtrisé,
Dornal le tira par les talons vers la tache de lumière solaire qui filtrait à travers le hublot.
Jedra sentit la chaleur sur son dos nu, puis une brûlure soudaine.
Dornal était en train d'utiliser le verre lumineux sur lui.

"Maintenant, dit Dornal, tu vas me dire tout ce que tu sais."
Il relâcha assez le sort liant pour permettre à Jedra de parler.
Le jeune homme reprit sa respiration en un long cri gargouillant.
Finalement il retrouva sa voix.
"Stop, hurla-t-il, tournant sa tête assez loin pour voir le magicien s'agenouiller sur lui.
Je vous dirai tout ce que vous voudrez !
- Tu me diras la vérité, dit Dornal, promenant lentement le point de chaleur
à travers le dos de Jedra.
Commence par les autres pouvoirs que tu as et la manière dont tu les invoques."

Maudissant la douleur et pleurant,
Jedra dit à Dornal le peu qu'il savait,
mais manifestement le magicien ne le croyait pas.
Il tint le verre au-dessus du dos du jeune homme,
en demandant plus,
jusqu'à ce que Jedra souhaitât posséder un savoir caché quelconque
afin de le révéler à Dornal pour que la torture s'arrête.

Finalement, Jedra hurla: "Je n'en sais pas plus !
Tuez-moi ou laissez-moi partir, mais arrêtez de me torturer."

Dornal s'appuya en dehors de la lumière du soleil
et se frotta légèrement les sourcils avec le bord de sa main.
"Tu n'es pas en position de faire des demandes, reprit-il.
D'un autre côté, je commence à penser que tu dis la vérité."
Il infligea à Jedra une dernière brûlure juste par malveillance,
puis alla à la porte et appela le garde afin que le jeune homme soit remis dans la soute.

Cette fois ses blessures étaient réelles.
Jedra était à peine conscient d'avoir été de nouveau enfermé,
d'être touché par des mains chaudes,
de Kayan et de Galar débattant de ses blessures.
Il voulait seulement mourir.

Mais même la mort lui était refusée.
Jedra sentit la force l'envahir, avec la même inflexibilité
avec laquelle elle était sortie, soignant et revitalisant ses blessures.
Cela prit du temps.
Il était conscient que le chariot se déplaçait de nouveau
et que le jour se transformait en nuit.
Il était conscient que Kayan l'avait tenu tout ce temps.
Elle était en train de faire cela, il le sut.
Elle lui prêtait sa force.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #19 le: 25 mars 2014 à 13:49 »
Il s'éveilla avec l'aurore, douloureux et affamé, mais guéri.
Kayan semblait amaigrie par la fatigue.
Quand le garde vint avec la nourriture et l'eau
il la fit manger et lui donna une grande partie de son eau
en dépit de ses protestations sur le fait qu'il en avait bien plus besoin qu'elle.
"Tu m'as donné trop de ta force," dit-il.
Puis, plus doucement : "Je ne savais pas qu'une telle chose était possible.
- Bien sûr que cela l'est, répondit-elle.
C'est comme ça que les soins fonctionnent.
Tous mes pouvoirs sont de cette nature.
Partage des pensées, partage des capacités, partage de la santé - tout est similaire.
- Partage de capacités ?"
Elle haussa les épaules.
"Bon, si tu peux faire quelque chose que je ne peux pas faire,
et et si je peux faire quelque chose que tu ne peux pas faire,
nous mettons nos têtes l'une contre l'autre
et accomplissons les deux en même temps."

jedra pouvait sentir une soudaine excitation se développer en lui.
"Qu'est-ce que cela donne si nous essayons de partager la même capacité ?
Cela la rend-elle plus forte ?
- Cela dépend de ce qu'on essaye de faire. Pourquoi ?
- Que se passerait-il si nous essayions tous les deux d'appeler les Jura Daï ?"
Kayan grogna.
"Voudrais-tu oublier cette idée ?
Cela ne t'as pas suffi d'être quasiment tué ?
- Non, si nous pouvons y arriver cette fois.
Ecoute, tu as le contrôle dont nous avons besoin pour atteindre réellement quelqu'un.
J'ai le pouvoir de nous y emmener même si nous ne savons pas exactement
ce que nous cherchons.
J'étais proche la dernière fois, je sais que je l'étais.
Un petit peu plus de contrôle et j'aurai établi le contact.
- C'est ce que tu crois.
- Je le sais.
- Si tu as tort, nous subirons tous les deux la réaction des gardes.
Je ne pourrai pas te soigner de nouveau si je suis atteinte également."

Le nain parla.
"Qu'il ait tort ou raison, vous feriez mieux de faire attention aux gardes
avant de tenter quoi que ce soit.
Une autre tentative de fuite et ils nous puniront sans doute tous.
Et s'ils le font, je vous promets que vous le regretterez.
- Nous devons tenter quelque chose, répondit Jedra.
Nous devons nous échapper de cette caravane avant d'être à Tyr.
- Je ne vois aucune objection à m'échapper, reprit le nain.
Mais assurez-vous que nous nous échappions vraiment quand vous allez essayer.
- Il a raison, dit Kayan.
C'est un long voyage.
Nous pouvons attendre la meilleure opportunité.
- Je ne souhaite pas attendre.
- Eh bien tu devras attendre quand même, répondit-elle,
car je ne vais pas t'aider pour que tu sois blessé à nouveau."
Jedra appela Galar à l'aide du regard, mais l'elfe tendit ses fines mains
en un geste qui en disait autant que des mots:
"Que pouvons-nous y faire ?"

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #20 le: 25 mai 2014 à 20:29 »
 Sur le coup de midi, la caravane arriva à un avant-poste.
Les esclaves pouvaient entendre les hurlements de joie des gardes du chariot,
qui se transformèrent vite en cris de consternation
quand ils remarquèrent que le lieu avait été récemment pillé.
Le chariot s'arrêta juste assez de temps pour que les gardes passent les ruines au crible,
puis redémarra.
La nuit suivante, quand ils amenèrent l'eau,
les écuelles étaient à moitié pleines.
Les esclaves se plaignant, les gardes grognèrent.
 "Soyez déjà heureux d'en avoir.
Les pillards ont empoisonné le puits.
Nous sommes tous aux demi-rations jusqu'au prochain avant-poste."
 Les esclaves avaient déjà droit au strict minimum;
la moitié de celui-ci était à peine suffisante pour les garder en vie.
Une journée et demi passa ainsi avant qu'une tempête de sable
ne surgit du désert profond et les força à s'arrêter
et à rester là pendant deux jours, à écouter le mugissement du vent
chargé de sable martelant les écoutilles closes du chariot.
Le second jour, ils n'eurent plus du tout d'eau.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #21 le: 31 mai 2014 à 12:56 »
 Leurs bouches et leurs langues étaient trop gonflées pour leur permettre de parler.
Ils ont laissé tomber leur cargaison, dit Kayan dans l'esprit de Jedra
quand le moment de la distribution d'eau du soir arriva
et que les gardes ne se montrèrent pas.
Maintenant, ils gardent ce qui reste pour eux.
 - Je pense que le moment est venu d'essayer d'appeler à l'aide, répondit Jedra.
 - Non.
 - Pourquoi pas ? Nous n'avons rien à perdre, n'est-ce pas
Nous allons mourir dans cette soute dans un jour ou deux,
à moins que nous fassions quelque chose
.
 Kayan ne dit rien. Jedra pouvait entendre sa repiration difficile
dans l'obscurité à côté de lui.
 Nous pourrons au moins dire que nous avons essayé.
 Après un long moment elle répondit: Voyons si nous pouvons essayer
et vivre pour le raconter plus tard.


 La convergence ressemblait un peu à un partage de pensées,
mais cette fois leurs consciences combinées grandirent
jusqu'à ce qu'elles ne forment qu'une seule entité incroyablement puissante.
La soute des esclaves prit une consistance miroitante plus tout à fait matérielle,
comme si le lien entre Jedra et Kayan existait sur un plan supérieur
qui n'était que faiblement lié à la réalité.
Cela ressemblait beaucoup au rêve sub-aquatique
au cours duquel Jedra avait vu les elfes.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #22 le: 06 juin 2014 à 20:12 »
 A la différence de ce rêve, ils pouvaient se déplacer librement,
dirigeant leur attention sur ce qu'ils désiraient.
Prudemment, de peur d'alerter la garde psioniste de leur présence,
ils passèrent à travers les parois du chariot en direction du désert,
à la recherche d'une tribu d'elfes.
 La tempête de sable n'était qu'un souffle se déplaçant, rien de plus.
Dans le rêve, Jedra et Kayan devinrent un rapide oiseau aux ailes lisse
s'élançant vers le désert.
Les esprits d'autres voyageurs étaient de grands puits
dans lesquels ils pouvaient se glisser,
se retrouvant à regarder par des yeux étrangers
l'intérieur de chariots ou de tentes.
Aucun n'appartenait aux elfes qu'ils cherchaient.
Ils scrutèrent en s'éloignant,
en décrivant des spirales toujours plus grandes,
laissant la tempête derrière eux
et filant sur les dunesplus rapidement
que n'aurait pu le faire n'importe quel oiseau réel.
Ils s'élevaient de plus en plus haut
pour voir toute l'étendue du désert d'un seul coup
- jusqu'au moment où finalement
ils trouvèrent un énorme puits mental
conduisant vers des dizaines de tentes
blotties à la base d'une dune massive.
 Les tentes auraient été difficiles à localiser
si le paysage onirique n'avait pas exagéré leurs proportions,
car elles étaient du même jaune grisâtre que le sable.
Leurs parois étaient décorées avec des nuages stylisés
desquels pleuvaient des dagues,
symbole que Galar leur avait montré.
 Nous les avons trouvé ! pensèrent-ils ensemble.
Ils descendirent vers la plus grande tente,
se retrouvant attirés dans l'esprit de l'elfe qui s'y trouvait.
Ils regardèrent par ses yeux
pour voir un barde jouer d'une harpe
pour une douzaine ou plus d'elfes
se reposant sur des couvertures tissées.
Les vêtements des elfes contrebalançaient
le manque de couleurs de leurs tentes ;
les hommes et les femmes portaient des sortes
de blouses et des pantalons amples et polychromes.
La vie dans le désert avait tanné d'un brun sombre leur peau desséchée.
 L'hôte de Jedra et de Kayan prit conscience de leur présence
et ils émirent rapidement: Galar des Jura Daï est esclave
dans une caravane prise dans une tempête de sable
à cinq jours d'Urik sur la route de Tyr.

 Ils n'eurent pas le temps d'entendre la réponse.
La tente et ses occupants tournoyèrent
comme s'ils étaient pris dans un tourbillon de vent violent,
et subitement Jedra et Kayan étaient de nouveau
en train de dériver dans le désert.
Le garde, réalisèrent-ils, il a entendu notre message.

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #23 le: 07 juillet 2014 à 20:07 »
 Un tourbillon dansait sur les dunes devant eux :
l'attaque du garde sur leurs esprits était visible dans le paysage du rêve.
Kayan et Jedra redevinrent un oiseau,
tournoyant autour du tourbillon en cherchant une faille quelconque
où ils pourraient lancer une attaque de leur cru.
 A l'intérieur, dit la partie qui demeurait Kayan,
directement dans son esprit.
 Ils s'élevèrent jusqu'au sommet puis plongèrent dans le centre du puits.
Le tourbillon se tordit comme un serpent,
essayant de les rejeter, mais ils étaient plus rapides.
Quand ils atteignirent le fond du puits,
ils grandirent et étendirent leurs ailes
avec la force que Jedra avait découvert quand Dornal l'avait attaqué.
Le tourbillon éclata en fragments,
laissant une ombre sombre de lui-même à sa place.
Jedra et Kayan se glissèrent dans celle-ci
et se retrouvèrent dans une caverne silencieuse et non protégée.
Ils avaient rendu le garde inconscient.
 Tuons-le, dit Jedra.
 - Non, soignons-le, ainsi personne ne saura ce qui s'est passé,
répondit Kayan, y compris lui-même.
 Ils se frayèrent un chemin à travers les sombres cavernes de l'esprit du garde,
fermant des sections entières alors qu'ils passaient.
Ils lui laissèrent juste assez de capacités psioniques
pour contrôler les esclaves mais pas assez pour les blesser.
Ils ôtèrent de sa mémoire tout souvenir de la bataille.
Ils le laissèrent ronfler paisiblement dans sa cabine,
puis dissolvèrent leur lien.
 Sortir de la convergence ressemblait à la perte de la moitié de son intelligence.
Jedra souhaitait se lier de nouveau immédiatement,
mais la fatigue nouvelle de son corps déshydraté
l'avertit qu'il avait payé un prix suffisant pour leur augmentation temporaire.
Refaire cette opération devrait attendre de meilleurs jours.

olafgdumvardangh

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Re : Un brin de savoir
« Réponse #24 le: 12 juillet 2014 à 12:13 »
 La tempête de sable se dissipa dans la nuit
et le chariot se remit en route le jour suivant
atteignant un autre avant-poste dans la soirée.
Celui-ci était toujours occupé et pour la première fois en trois jours,
les esclaves reçurent de l'eau.
Leurs forces revenaient lentement,
et Jedra et Kayan commencèrent à espérer
qu'ils pourraient survivre assez longtemps
pour apprendre si leurs efforts avaient porté ou non leurs fruits.
 Au début, les autres esclaves ne furent même pas conscients
de ce que Jedra et Kayan avaient accompli,
mais, comme cela était déjà fait,
ils décidèrent finalement d'en parler à leurs compagnons de captivité.
Tout d'abord, les autres furent prudemment optimistes,
mais quand un autre jour passa sans action,
leur humeur commença à devenir exécrable.
 "Les elfes ne viendront pas, dit l'un.
 - Nous ne savons même pas s'ils existent, dit un autre.
 - On aurait pas dû faire confiance à un gamin demi-elfe, marmonna un troisième.
 - Un demi-elfe et une templière, rajouta le nain,
nous nourrissant de faux espoirs pour que nous pensions
qu'ils sont avec nous."
 Galar prit la parole. "Si mon peuple a entendu l'appel, il viendra.
 - Ils ont entendu, dit Jedra.
Donnez leur le temps ; ils ont un long voyage à faire."
Mais intérieurement, il se demanda.
Viendront-ils ?