Chapitre 2 : Peuple ou Fratrie ?
Une horrible douleur me réveille, comme si mon corps était marqué par des milliers de tisonniers. Autour de moi, les cris de souffrances de mes Frères et ma Sœur. J'ouvre difficilement les yeux, retenant mes larmes comme on me l'a apprit. Je monte alors mes mains pour voir l'origine de cette douleur. Des griffures... un nouveau mimétisme apparut en quelques instants... comment est-ce possible ? Cela prend normalement son temps et marque notre progression vers le Féal... est-ce le contact avec le Néant qui a provoqué cela ? Une réponse du Griffon pour me protéger de son action néfaste ? Je ne vois pas d'autres hypothèses. Je tourne la tête pour observer mes compagnons. Allongés tout comme moi dans la neige, Amôn pleure des larmes de sang, la peau d'Iss'Ana rougeoie comme si le feu courait sous sa peau, Dragnar pousse un ultime rugissement en tenant une crinière naissante, tandis que Aamin reste prostré contenant la douleur de sa transformation. Les secondes s'égrainent et peu à peu nous reprenons constances. Nous nous relevons difficilement, sentant chacun de nos muscles se tordent. Le choc de l'explosion ainsi que les visions nous ont marqués. Nos premiers pas sont hésitant, mais nous reprenons le dessus.
Enveloppés par des vents glaciaux, nous sommes dans un fortin en ruine, au sommet d'une montagne et au beau milieu d'un paysage vallonné. Et aucune indication d’où nous sommes réellement. Le Chimérien ainsi que le Caladréen se proposent de faire un tour des lieux pour tenter de nous repérer. Pendant ce temps là le Licornéen s'en va chercher de quoi réaliser un feu. Au bout de deux bonnes heures, tout trois reviennent. Les deux premiers ayant une vague idée de notre localisation, soit à quelques jours d'Alinae et de Lideniel, le dernier avec de maigres branchages, de quoi nous éclairer quelque peu sans pouvoir réellement nous réchauffer. N'ayant plus aucun équipement, seulement nos armes et les quelques affaires que nous avions sur nous en pénétrant dans le monastère, affronter la nuit et la froideur pégasine serait suicidaire. Nous passerons donc la nuit dans cet abri de fortune avant de reprendre la route le lendemain. L'objectif ? Nous hésitons entre retourner à Alinae ou rentrer à Lideniel. Mais nous redoutons ce que nous pourrions trouver au village Caladréen et surtout n'avons aucune certitude d'y trouver quoi que ce soit. De plus nous n'avons plus de notion du temps et ce dernier pourrait avoir défilé rapprochant la sentence d'Ombelyne. Et l'Onde a été clair, nous devons la sauver pour préserver la vie d'un grand nombre. Ces paroles me suffisent largement. De plus, si il m'est possible d'y jouer un rôle important, l'Empire n'en sortira que grandi.
Au fur et à mesure de la discussion sur notre retour à la cité pégasine et au futur rapport que nous ferons sur notre enquête, j’aperçois l'Aspik qui semble mal à laise. Elle nous explique alors que parmi les Assesseurs certains ont déjà un avis tranché sur la culpabilité d'Ombelyne. En effet, elle a été appelé par l'Assesseur Chtonien qui veut voir la Caladréenne coupable. De plus sa situation est difficile, car elle vient de S'org, ou les Chimérien réalise une purge sur les siens. Elle a pu fuir mais se sait poursuivit par un groupe armé. Normalement, en échange de son rapport, la Chtonienne devait lui offrir protection. Si ce n'est que cela, nous pourrons lui donner la même chose. Il y aura toujours moyen de l'introduire dans l'ambassade, elle ferait une bonne suivante.
La nuit est assez difficile, nous devons nous serrer pour préserver le peu de chaleur que nous possédons. Ne se sentant pas encore assez remis pour reprendre la route, nous décidons de prendre une nouvelle journée de repos. Dragnar partant chasser et Amôn accompagné d'Iss'Ana cherchant toutes plantes ou racines comestibles. Les résultats ne sont pas exceptionnels, un bouquetin et de la verdure. Mais cela aura au moins le mérite de nous remplir l'estomac et nous redonner quelques forces, car nous en aurons besoin pour affronter le climat pégasin sans matériel.
A l'aube du jour suivant, nous quittons notre abri de fortune pour nous enfoncer dans les terres. L'objectif étant de trouver au plus vite un village pour récupérer du quoi surmonter les vents glaciaux. Ensuite, nous tenterons de rejoindre Lideniel au plus vite. La marche est difficile dans la neige et le froid. Nous faisons le moins de halte possible pour préserver la chaleur de l'effort. A la nuit tombée, nous trouvons les restes d'une maison abandonnée depuis des années et dont la nature a repris possession. Mais cela sera suffisant pour offrir un léger abri contre le blizzard mordant.
A peine le soleil levé, que nous reprenons notre marche. Alors que l'astre est à son zénith, nous n'avons trouvé toujours aucune trace de civilisation et le temps semble rapidement changer. D'après Aamin, une tempête se rapproche. Rapidement, nous ressentons ses effets. Les vents se font plus pénétrants et puissants, la vision diminue et un rideau de neige nous enveloppe d'un linceul de glace. Ces intempéries ralentissent notre progression et diminue drastiquement notre survie, jusqu'à ce que nous observions au milieu de ce ballet spectral une lueur. Un feu. Donc de la vie. Nous accélérons le pas, pas assez pour le Licornéen qui ne semble devenir plus qu'une mâchoire cliquetante. Nous luttons contre les éléments pour atteindre ce qui finalement se révèle un campement. La lueur est en effet d'une couleur bleuté et n'est autre qu'une lanterne. Devant nous deux caladréens, armuré au couleur blanc-gris. Sur leur tête, un casque tout en hauteur, comme si leur crane s'élevait vers les cieux. Tout est structuré sur eux, formant une parfaite géométrie sans détails laissé au hasard. Des personnages bien étranges. De plus, nous devinons autour de nous bien plus de personnes, nous observons et prêt à réagir à nos actions.
Accueilli comme des brigands, Aamin et obligé de me reprendre et de parlementer avec eux, car je n’appréciai que peu leur ton. Si la situation était différente, je pense qu'il l'aurait senti passer. Après discussion, un des gardes part demander l'autorisation à notre ajout le temps de la tempête dans le camp. Une fois quasiment seuls, Aamin nous annonce qu'il ne sait pas d’où viennent ses Caladréens et que leur couleur, les habits ainsi que leur phrasé lui sont inconnu. Étrange. Mais ce n'est pas une nouveauté ces derniers jours. Au bout de quelques instants, le garde revient avec l'accord pour nous laisser passer. Ils nous mettent même une petite tente à notre disposition pour nous permettre de survivre.
Mais cette hospitalité a bien sur quelques limites. Tout d'abord un garde devant l'entrée de la tente. Puis l'interdiction de nous déplacer dans le campement. Nous essayons quand même d'entamer la discutions avec le Caladréen qui nous sert de chaperon pour en apprendre un peu plus d'eux. Alors que nous arrivons à comprendre qu'ils viennent bien de Caladre mais une zone peu connu, un nouvel arrivant s'invite dans la tente. Le garde lui montre immédiatement un grand respect et une certaine déférence. Nous comprenons rapidement qu'il va subir un blâme pour avoir accepter de nous parler. Pendant ce temps là, le … appelons le dignitaire, se montre concis. Ils vont à Lideniel et propose qu'on les accompagne, échange de protection contre nourriture. C'est avec grand plaisir que nous acceptons. Nous aurons peut être l'occasion d'en apprendre un peu plus sur eux et surtout qui ils sont réellement.
Au bout de la première journée, j'ai réussi à découvrir pas mal de chose sur eux. Tout d'abord ils ne sont pas inféodés à la Caladre, ce sont donc des Hommes Libres. Et ils refusent tous les mimétiques, ce qui explique leur accueil. Par contre, ils sont extrêmement liés à l'Onde sous toute ses formes. Ils ont très peu de contact avec l'extérieur et on ne peut les rencontrer que si on est invité. Leur culte serait présent partout sur le M'Onde, ouvert tant qu'on n'est pas mimétique. Concernant notre situation géographique, nous sommes à un peu plus d'une semaine de Lideniel.
Au cours de mes discussions avec le garde Caladréen, je lui apprend qu'il s'est passé un malheur lors du rituel de l'Onde. Très rapidement, je vois nous rejoindre le même dignitaire que lors de la première nuit. Il me demande ce qui s'est réellement passé. Je lui fais alors part de l'échec de l'événement ainsi que le liquide noirâtre ayant perverti l'Onde. Cela le marque fortement et provoque une forte accélération de notre rythme de marche. Avec cette vitesse, nous serons en même pas une semaine dans la cité pégasine. J'arrive quand même en cours de route à apprendre une dernière chose. Ils sont invités par Johara, sûrement en vue du mariage. Mais cela semble cacher autre chose. Un étrange pressentiment me prend alors que nous arrivons aux portes de Lideniel.
Nous allons avoir beaucoup à faire avant de quitter Lideniel, et Ombelyne également, sachant que son temps et plus court. Nous la quittons donc après avoir mis au point un moyen de communiquer entre nous à travers de la Toile Blanche. Lorsqu'elle aura réussit son objectif, elle nous recontactera et nous pourrons tenter de lui transmettre des informations et des nouvelles de sa fille par ce même moyen. Par contre, seul Aamin pourra l'utiliser pour ne pas provoquer de problème au sein de la Caladre. Nous allons devoir le protéger de prêt si on veut pouvoir préserver ce système d'échange. Mais bon, je n'ai pas de doute qu'il sache se débrouiller tout seul au vue de son équipement. J'espère juste que ce n'est pas un simple artifice. Nous prenons congés de la Caladréenne ainsi que du Licornéen et retournons dans les appartements d'Aamin. Une fois à l'intérieur pour éviter toutes oreilles indiscrètes, nous fusionnons avec le Veilleur pour discuter librement.
Nous échangeons nos points de vue par rapport à notre entrevue. Nous sommes d'accord sur le fait qu'elle ne nous dit pas tout mais qu'à moins de la suivre, nous n'obtiendrons jamais de réponses. Comme nous allons rester quelques jours avant de partir et nous occuper d'affaire qui nous touche, nous nous mettons d'accord pour reprendre contact chaque soir dans l'espace fraternel et faire un point sur nos avancés. Iss'Ana va me suivre à l'ambassade grifféenne pour s'imprégner de l'ambiance et préparer sa nouvelle identité en vue de notre voyage à S'Org. Amôn va quant à lui enquêter sur la disparition de l'Enfant Aveugle de Johara, savoir si qui a pu lui arriver. Pour Dragnar, il reste sur sa marotte, le Chevalier Almoor et tenter de retrouver les traces du village où s'était échoué un Drakkar. Aamin reste vague sur son programme, n'ayant rien de précis en tête. Pour ma part, je vais m'intéresser à l'invitation d'Ombelyne au rituel de l'Onde. Tout semblant indiquer un piège, l'expéditeur étant sûrement en lien avec le Néant ou proche. Nous nous quittons donc, reprenant chacun notre route pour quelques jours.
Souhaitant commencer mon enquête auprès de la personne concernée, je retourne voir Ombelyne. Cette dernière accepte de répondre à mes questions. Elle m'apprend qu'elle avait été fortement sollicité par la Caladre et par le Triumvirat de Lideniel. Cette opportunité était merveilleuse et elle ne pouvait refuser sous peine de perdre son statut particulier au sein de son peuple. De plus, cela pouvait apporter des informations sur son étude de l'Onde. Je la remercie de ces précisions et quitte l'ambassade pour rejoindre la mienne. En route, mon esprit cogite. Ces précisions me poussent à suspecter l'Assesseur Chtonienne. Entre l'invitation venant du Triumvirat, la volonté de faire passer Ombelyne pour une coupable sans preuve et la présence du Néant au sein du Conseil... Les informations vont être dures à obtenir, mais je ne vais pas m'arrêter sur ce détail, je vais devoir délier des langues, si je veux en apprendre plus.
A peine posé dans mes appartements qu'Iss'Ana entame son interrogatoire. Elle enchaîne les questions sur les coutumes grifféennes, notre style vestimentaire, nos expressions, notre phrasé et j'en oublie. Je lui répond calmement essayant de me montrer le plus précis possible. Chaque détail pouvant compté le jour J. Lorsque vient le moyen de se reposer, elle se rend compte qu'il n'y aura qu'un lit pour nous deux. Elle sourit me regardant et se dirige avec une dégaine serpentine propre à son peuple vers la couche avant de s'y allonger. Le paiement me semble prometteur.
Le réveil est difficile, la nuit ayant été... agité. Je regarde l'Aspik lové dans les draps et me lève. Ma journée s'annonce longue et j'ai du pain sur la planche. De plus j'ai promis à Iss'Ana de reprendre mon enseignement en fin d'après-midi. Je la quitte avec de quoi me restaurer et part vaquer à mes occupations et objectifs. Je profite de mon tour auprès de nombreux contacts et de quelques commerçants pour en apprendre plus sur le rituel de l'Onde et sur ce qui s'y est passé pour obtenir des détails. La pêche n'est pas fructueuse, mais je me montrerait patient. En fin de journée, je rejoins ma Soeur dans mes appartements pour lui en apprendre plus sur mon peuple.
Voila trois jours que mes journées s’enchaînent sur le même programme et toujours aucun résultat. En rentrant d'une rencontre, le Chevalier Alcion me convoque dans son bureau. Lorsque j'arrive, il me fait rapidement comprendre qu'il faudrait que je stoppe mes questions et mon enquête personnelle. En effet, la réputation de l'ambassade est quelque peu ternie par mes actions. De plus, on commence à me regarder d'un mauvais œil et il semblerait que certains contrats ou accords ait été dissous pour cette raison. Devant mon étonnement, il m'indique qu'il s'est renseigné sur les personnes derrières ses pressions, mais impossible de remontrer. Me voilà dans une belle situation et surtout devant un mur redoutable. Soit je continue et force les choses en risquant de me mettre à dos l'ambassade... mauvaise idée surtout qu'elle reste un possible allié et un point de chute. Bien il ne me reste plus qu'à patienter encore deux ou trois jours avant de quitter cette satanée cité.
Dans la soirée, lors de nos rapport respectifs, Dragnar nous annonce qu'il nous a trouvé un moyen de transport vers S'Org des plus sur. Son supérieur l'a mandé d'une mission vers cette dernière. Trois navires seront sous ses ordres et nous pourrons voyager sur l'un d'eux. Il doit demander des hommes en vue de les proposer à Lideniel, pour la protection de la cité et également continuer la mission par rapport à la Chimère blanche. Merveilleux plusieurs jours parqués avec des bêtes... au moins cela sera gratuit... et concernant la sûreté, j'espère qu'on croisera pas d'Aspik car ils seraient capable d'attaquer juste parce qu'ils verront un pavillon chimérien. Au moins nous n'avons pas à chercher un moyen de locomotion jusqu'à la cité. Autre information, bien plus intéressante et au crédit d'Amôn. En effet, il a trouvé une piste pour l'enfant licornéen. Une personne répondant à la description a été retrouvé tué dans une ruelle et les Charognards auraient récupéré le corps. Tss, il est vrai que cette engeance possède une enclave en ville. Il est regrettable qu'il fasse trop froid en ses lieux, sinon une bonne flambée ferait le plus grand bien à la cité... Notre Frère Licornéen nous propose de l'accompagner dans le quartier de ces Mort-Vivants pour tenter de retrouver le corps ou obtenir des informations sur l'Enfant Aveugle. J'accepte directement. Aucune confiance en cette engeance et une lame phénicière sera leur faire entendre raison si besoin. Seule Iss'Ana se rallie à nous par simple curiosité. Nous nous donnons rendez-vous le lendemain dans le quartier noble pour se rendre chez les Charognards ensemble.
L'aube n'en est qu'à son commencement lorsque nous nous retrouvons tous les trois, Amôn, Iss'Ana et moi-même, devant le quartier nord-est de la cité de Lideniel. C'est ici que la Terre Pégsine a été souillée par une Sombre Sente du temps de la Guerre des Cendres. A cette époque, l'Empereur combattait la Charognard et rêvait de réunir les peuples du M'Onde contre cette horreur. Il fut assassiné par un Phénicier, qui part la suite se révéla allié aux Charognards en les libérant sur terre alors que ses Féals, les Phénix s'étaient sacrifiés pour les enfermér hors du M'Onde. Quelle déchéance pour cette guilde qui aurait pu avoir tant. Depuis maintenant cinquante ans, la Guerre des Cendres s'est achevée et l'ennemi de toujours marche à nos côtés dans certains pays ou ils sont acceptés. Cela me répugne de les voir nous côtoyer comme si de rien n'était. Heureusement pour eux, je connais un Mal bien plus dangereux, le Néant, mais jamais je ne pourrais oublier toutes les horreurs qu'ils ont perpétré.
Plus nous approchons de leur quartier, plus les demeures environnantes changent de styles. En effet, les ouvertures sur ces dernières se font plus rares, de hautes enceintes bloquent les vents et de nombreuses fleures bleutés aux fortes fragrances s'élèvent en massif sur les bâtisses. Tout est réalisé pour empêcher les odeurs nauséeuse provenant de chez les Charognards. Plus nous avançons, plus elles se font fortes et quasiment tactiles. Nous découvrons enfin leur quartier, à leur image, patchwork de tous les peuples du M'Onde. Par contre, un certain luxe reste présent dans les décorations apparentes ou dans la tenue des lieux. Étonnant pour des morts-vivants. Nous croisons quelques rares Pégasins commerçant avec eux. En effet, les Charognards sont acceptés à Lideniel et ont accès à certains accords commerciaux avec la ville.
Sur le chemin, nous croisons des simulacres de gardes. Nous en interpellons un pour lui demander des renseignements sur le lieux où nous pourrions trouver le corps de l'Enfant Aveugle. Ce dernier, étonné de notre question, nous demande de le suivre. Il nous emmène jusqu'à une large avenue et nous demande de l’attendre. Il pénètre alors dans une grande bâtisse, au style grifféen, devant sûrement servir de siège de leur dirigeant. Quel ironie, leur organe décisionnaire dans notre ancienne ambassade, heureusement pour eux qu'ils soient loin de l'Empire Grifféen, cela mériterait presque une expédition punitive. Quelques minutes passent, avant que le garde nous rejoigne. Il nous guide alors vers des hangars, aux cheminées crachant une épaisse fumée noirâtre, aux frontières de la cité. Les senteurs en deviennent presque visibles. Nous sommes encerclés par des relents de pourritures et de morts. Le garde nous laisse une fois encore pour revenir avec un second Charognard bien plus répugnant que lui. Ce dernier, difforme, à la peau tirée et clouée par de sombres piques. Son visage est tombant par endroit, dévoré et grouillant par d'autre. Il s'exprime d'une voix sur et avec aisance. Nous lui réitérons notre demande, lui expliquant que nous ne souhaitont par emporter le corps, seulement le voir et découvrir la raison de sa mort. Il accepte mais nous prévient que nous devrons chercher. En effet, ils récupèrent les morts non réclamés de la cité, mais personnes ne sait pourquoi. D'après les dire du Charognard, ceux de la semaine sont encore présent dans l'un des entrepôts et nous pourrons voir si nous trouvons l'Enfant Aveugle.
Il nous fait alors pénétrer dans la première partie d'un des hangars en nous souhaitant bonne chance. En effet, nous tombons nez à nez avec avec des piles de dizaines de cadavres d'individus de tous âges et toutes origines sociales. Retenant tant bien que mal la nausée montante, nous entamons nos recherche, retournant chaque corps, observant chaque détail pour trouver au plus tôt l'Enfant. Ce travail morbide est des plus difficile. Nous sommes obligés, tous les cinq-dix minutes à sortir respirer un air vicié mais plus agréable que celui qui pèse dans la pièce. Ce n'est qu'au bout de trois heures qu'enfin quelqu'un découvre le Licornéen dans cette fosse commune. C'est Amôn qui le retrouve dans une des dernières piles. En s'approchant, la raison de sa mort ne fait aucun doute. Il a été assassiné. Sur son corps nous pouvons observer de nombreuses blessures faites à l'arme blanche, mais de façon fine et stylisée. Lorsqu'on le retourne nous y découvrons une sombre calligraphie l'ayant achevé. Notre âme est marqué par sa simple présence et au fond de nous, notre Espace Fraternel tremble sous la vague de Néant s'échappant de l'arabesque au style licornéen. D'après Amôn, cela pourrait être l’œuvre de l'un des siens, mais ce mot n'existe pas ou plus dans sa langue, affirme-t-il dans un frisson. La blessure bien que glacée par les vents et vieille de plusieurs jours semble encore suinter et pulser, comme si elle respirait. Quel horreur. Notre Frère Licornéen recopie avec dégoût la rune pour pouvoir obtenir plus d'information dessus, puis nous quittons le hangar après l'avoir détruite. En sortant, nous recroisons les deux Charognards. Nous les remercions de leur aide et les avertissons qu'il vaudrait mieux pour eux qu'il n'utilise pas le corps de l'Enfant, que nous avons mis de côté. Il est pervertis par un Mal des plus dangereux qui pourrait peut être également les toucher. Et nous retournons dans la partie civilisé de Lideniel avec le rêve d'un bon bain bouillant.
Le soir même de notre macabre découvert, lors de notre entretient fraternel, Amôn nous fait part de sa discussion avec les Sentinelles d'Ivoire, ses supérieurs et protecteurs de dame Johara. Ces derniers sont au courant du Néant et empêche ce dernier de pervertir la dirigeante Licornéen, sa pureté ne devant pas être ternie. D'après eux, il existe un groupe de Licornéens pratiquant un combat lié au Néant et vendant leur service. Cela pourrait avoir un lien avec le mort qui nous concernent, même si ils ne savent pas comment. Par contre la rencontre à été une dernière remontrance sur le côté libertaire d'Amôn. On lui a fait comprendre qu'il devait se calmer et qu'eux, les Sentinelles d'Ivoire s'occuperait du Néant à Lideniel. Il leur a alors appris qu'il était présent au sein du Triumvirat de la cité. Ces derniers l'ont remercié de l'information et lui ont donné une mission. Retrouver Cécil, la Sentinelle responsable d'Amôn, qui est parti sans raison et sans un mot. Cela a fait tiqué notre Frère, car Cécil l'a invité à le retrouver en Province Licornéenne, dans une cité précise. Il compte bien s'y rendre après notre passage à S'Org pour comprendre certaines choses, car il suspecte la Sentinelle d'Ivoire d'avoir peut être un lien avec la mort de l'Enfant Aveugle. Dragnar nous fait également le rapport sur le départ. Les navires sont prêts à appareiller. Par contre nous devons faire un choix entre deux routes. La première rapide, mais dangereuse car en ligne droite par la haute mer jusqu'à S'Org. La seconde lente, mais un peu plus sur car ce serait du cabotage. Nous prenons la décision de la rapidité car nous avons déjà perdu quelques jours à Lideniel et que nous ne savons que peu de chose sur Givre et sa localisation en terre chimérienne. Nous partirons donc le surlendemain. Le temps de préparer nos affaires.
Cette dernière journée à Lideniel est l'occasion de terminer mes derniers contrats, préparer une raison valable à mon départ et organiser la suite des affaires en cours. Je passe donc ma journée à échanger avec mes collègues de l'ambassade, présente une excuse de départ au Chevalier Alcion, signe les derniers papiers et rendre prendre une dernière nuit de repos avant dix longues journées de mer avec des bêtes puantes. Je suis accueillis dans mes appartements par une charmante grifféenne, allongé d'une manière sensuelle dans mes draps. La découverte est agréable mais que fait une inconnu dans mon lit. Je lui demande calmement qui elle est et ce qu'elle fait là, en posant la main sur le pommeau de mon arme. La bougre esquisse un sourire en coin et me dit « Convainquant, n'est ce pas ? ». Je met quelques secondes à comprendre qui elle est. Ce n'est autre qu'Iss'Ana qui a fait appel à ses dons mimétiques pour se changer en Grifféenne. Le résultat est surprenant. Elle se penche vers moi et me susurre : « Il ne me reste plus qu'à mettre en pratique tout ce que tu m'as appris sur les us et coutumes de notre peuple » et m'attire à elle.
Nous retrouvons nos compagnons sur le port dans la matinée, de légers cernes sous les yeux. Dragnar nous indique le vaisseau sur lequel nous allons voyager pendant la traverser. Un authentique drakkar chimérien, solide mais peu maniable. J'espère juste que nous ne croiserons pas d’Aspics. Nous embarquons et rejoignons directement nos cabines. Voilà ou nous vivrons, ne sortant que pour prendre un peu d'air. Et encore, je suis prêt à parier que l'air dans nos cabines sera plus sain que celui de l'extérieur dans lequel macère des dizaines de Chimériens.
Les journées se révèlent passionnantes. Amôn est plongé dans des ouvrages de son peuple, tandis que Aamin travaille sur le livre de code Caladréen, pour s'en servir au mieux le moment venu. Heureusement que l'Aspic/Grifféenne est là. Nous effectuons quelques sorties, discutant de notre contrée pour donner le change. Pendant les longues heures en cabine, je parfais les connaissances et l'apprentissage d'Iss'Ana sur l'Empire Griff'. Au midi, du dixième jour, la vigie annonce que l'on est en vue de S'Org
Chapitre 3 : Souffle de Givre sur S'Org
Une côte déchiqueté, des rochers tranchante comme des dents, des courants serpentant entre des îlots de regs... Voilà la preuve de la puissance tellurique qui a scindé la puissante cité de S'Org. De nombreuses légendes cours sur son origine. Pour certain ce serait l’œuvre de certaines Chivernes, se débarrassant d'une minorité détestée. Pour d'autre l'action des Druides Noirs et d'un pacte passé entre la Basilice et ce qui est devenu les Rivages Aspics. Certains doivent savoir, mais jamais cela ne s'est répandu. Trop de choses sont en jeu derrière cette prise d'indépendance et depuis. Ci et là, reposant sur la pierre, grignotées lentement par la mer, des demeures, vestige de ce que fut S'Org il y a plusieurs centaines d'années.
Derrière cette effroyable sculpture rocailleuse se trouve la nouvelle cité, ou plutôt ce qu'il en reste. Siège du Tierce Roi, la ville a perdu son prestige d'antan, devenant au fil du temps un repaire de brigands, pirates et autres profiteurs. Personne ne sait qui dirige réellement la cité et les Chimériens noirs. Mais ce qui est sur c'est que les Léordes souhaitent imposer l'ordre à S'Org. Un imposant blocus militaire encercle les nombreuses tentacules de terres entre lesquelles l'océan se faufilent créant une myriade de chenaux. Le port est partout, dévorant chaque parcelle accessible, vomissant des ponts et des passerelles, construisant des bâtisses de bric et de broc, démontant les maisons abandonnée depuis la catastrophe pour s'en servir pour une nouvelle demeure. Voici la parfaite image d'un esprit Aspik dans toute sa splendeur.
Mais ce dangereux labyrinthe a l'effet d'une prison pour certains courants marins et, tel les marais, une brume constante enveloppe la cité et lui donne un aspect spectrale. Trois pauvres phares déchirent son voiles, au couleur des Léordes, des Chivernes et des Aspiks, pour éclairer d'une lumières faiblarde la route des navires. Derrière cette basse ville, s'étend la cité fortifié. Bastion de la puissance Chimérienne. Une imposante muraille de solide pierre protégeant les notables et les institutions. Voila ou se rend la Fratrie, dans ce portrait de l'incroyable S'Org.