Je suis née sur Havana, je pense que personne ne doute de ce fait en me voyant. Mes parents n’étaient pas pirates, loin s’en faut, ils travaillaient à la ville dans une échoppe quelconque. Pourtant mon enfance fut bercée de ses histoires qui auraient émerveillées n’importe qui. Bien sûr elles étaient enjolivées pour l’enfant que j’étais et j’eus tôt fait de m’en rendre compte par la suite, dès mes premiers périples, dès le premier pied posé sur un vaisseau en fait.
J’ai, aussi loin que porte ma mémoire, toujours voulu partir d’Havana, oh pas forcément longtemps et avec la volonté d’y remettre les pieds souvent, mais je voulais être reconnue à ce que j’estimais ma vraie valeur ailleurs qu’ici. Je voulais être pirate, vivre les aventures qu’on m’avaient contées plus jeune et encore maintenant, voir d’avantage. Alors j’ai fait en sorte de mettre toutes les chances de mon côté pour y arriver.
J’avais quatorze ans passés quand j’ai mis pour la première fois les pieds dans sur un basic pour partir à l’aventure comme matelot. Je dois admettre que ce ne sont pas mes capacités qui m’y ont aidées mais plus certainement mon assurance alors que je leur déblatérais nombre de mensonges et une certaine affinité avec le second… J’y ai tout appris sur le tas, que ce soit la navigation ou les senseurs. L’espace, ça avait quelque chose de grisant même si nous n’étions pas les pirates les plus doués et que ma participation dans les combats était bien minime. Mais cela m’a apporté mon sabre et une habitude à porter fièrement les couleurs de mes origines, jusqu’au bout de mon tricorne. Pourtant au bout de six mois loin d’Havana j’ai commencé à me dépérir, bon oui j’exagère mais l’idée était là, je perdais ma motivation et rêvais de retourner sur ma planète d’origine pour y vider une bouteille de Rhum les pieds plantés dans le sable. Depuis je m’arrange pour ne choisir que des campagnes de cinq mois tout au plus loin de ‘la maison’. J’étais fière en rentrant chez-moi et pourtant je n’y suis restée que le temps de recharger mes propres batteries avant de repartir pour de nouvelles aventures.
Mes premières années de piraterie ne furent pas des plus riches, on n’était pas complètement branques pour autant, on manquait juste d’un peu de chance… Mais on s’amusait bien quand même, nos jours ne nous semblaient jamais vraiment comptés malgré quelques problèmes occasionnels dans les tunnel où des planète plus… sauvages dirons-nous. Nous espérions tous y trouver un des illustres trésors pirates qui avaient rythmés notre enfance, sans succès encore aujourd’hui. Je ne vais pas tout vous raconter dans les moindres détails, ça serait bien trop long et inintéressant à bien des moments pour vous…
Quand j’avais dix-sept ans environs, nous avons fait une halte plus longue sur Havana, nous avions nombres de réparations à faire et des soutes à remettre à plein. J’en ai profité pour aller voir mes parents, leur raconter mes propres histoires avec bien sûr une once plus glorieuse que la vérité. Enfin, j’eus aimé pouvoir le faire… Ils avaient vraisemblablement décidés d’aller visiter de la famille qui vivait à l’écart de la ville. Je décidais donc de les attendre à l’échoppe. Ils n’étaient pas de fervents admirateurs des pirates et puis j’avais du temps pour les attendre. Je dois avouer que j’ai mis un certain temps avant de me rendre compte que leur absence commençait à se faire trop longue et douteuse. Un mois au total et encore se fut suite à la demande d’un de leur client à qui ils avaient dit rentrer dans quinze jours au plus… Je ne suis pas une fille indigne à ne pas m’inquiéter voyons, mes parents ont leur vie et moi la mienne ; si je veux qu’ils ne s’en mêlent pas trop autant en faire de même. Et puis nous étions sur Havana, que pouvait-il leur arriver ? Mais le doute avait commencé à germer en moi, si bien qu’accompagnée d’un ami je partais à leur rencontre. La famille qu’ils visitaient vivait loin de la ville dans la jungle tranquille éloignée des bars et du débarquement pirate. En arrivant, il ne semblait y avoir personne, pas un bruit venant perturber la jungle. Sans plus de précautions je partais fouiller la cabane de font en comble pour les trouver. Il n’y avait trace de leur présence et ce depuis facilement une bonne semaine. Pourtant leurs affaires étaient là mais pas de nourriture sur le feu comme ma mère avait tendance à le faire, oui même chez les autres. Les affaires de chasse du propriétaire des lieux avaient disparu mais ça n’expliquait pas leur absence à tous. Nous avons fini par chercher aux alentours, si il leur était arrivé malheur nous ne devrions pas tarder à trouver quelque chose tout de même !
Je mentirais en disait que j’avais à l’époque compris ce qui leur était arrivé… Nous avions trouvé des traces de luttes plus loin dans la jungle, mais ça s’arrêtait là. Avaient-ils eu des problèmes avec quelqu’un ? Mais qui ici ferait disparaître un corps, surtout quatre en fait ? Et ce sans laisser la moindre trace ? Avec le recul et depuis une certaine rencontre, je ne me fais plus vraiment d’illusion sur leur devenir. C’est pourquoi notre visite prochaine sur Bazard me laisse un faible espoir de retrouver leur trace, même si je me doute que les chances sont minimes aussi longtemps après… Enfin quoi qu’il arrive notre voyage ne sera pas une perte de temps, nous avons une planète de Neyas à retrouver et s’ils sont tous comme la demoiselle il y a des chances que la rencontre soit… mouvementée.
J’ai passé le reste du temps où nous restions ici à Havana, à essayer de les rechercher, sans plus de succès que la première fois. Toutes mes questions restaient sans réponses. C’était comme si personne ne les avait vu ou avait entendu quelque chose à leur propos depuis des jours. Si bien que quand le White Queen repris la route je les accompagnais sans plus attendre, espérant tomber sur une piste une prochaine fois et pour arrêter de tourner en rond, perdue dans des recherches infructueuses.
Je passerais sous silence les mois qui suivirent, parce qu’à mon avis ils ne présentent pas le moindre intérêt à vos oreilles. Enfin ça ne change pas beaucoup de ce que vous pouvez voir dans le Fafnir durant les voyages. Et rien de bien plus excitant que de la piraterie dans l’OCG.
Nous avons eu des problèmes par la suite lors d’un voyage vers un relais éloigné de la route galactique. Je ne saurais vous conter avec exactitude ce qui nous est arrivé, même dans ma mémoire, c’est assez décousu. Je crois que le choc est encore trop récent pour moi et je peux vous assurer qu’il a laissé des traces. Je crois qu’on traine tous un peu nos propres problèmes sur ce rafiot et si j’ai changé d’équipage ce n’est pas dû simplement à la prison où l’on s’est rencontrés pour certains d’entre nous.
Oui, j’arrête de tergiverser et de retarder les explications, mais je suis sûre qu’une fois que vous saurez, vous comprendrez bien mieux certaines choses. Bien, tout d’abord, j’aurais une question pour vous : croyez-vous à la magie ? La vraie celle qu’on n’explique pas, la mauvaise ? Personnellement, ça m’avait toujours semblé de belles histoires mais rien de plus jusqu’à ce jour… Et puis j’ai fini par être mise devant les faits, et j’admets, je crois ce que je vois.
Nous étions dans un tunnel hyperspacial quand tout avait commencé à déconner. Il n’y avait pas eu le moindre signe avant coureur sur les senseurs, je peux vous le dire puisque j’étais juste devant. Des formes ont traversées les parois du tunnel, à moins qu’elles n’en fut sorties, comme si cela ne leur faisait rien. Elles avaient une étrange couleur légèrement bleutée, électrique peut-être, comme un ectoplasmes en fait. Au début il fut compliqué de les identifier, pour ma part, elles ne ressemblaient à rien de connu. Puis elles se sont approchées et on a pu en distinguer les contours indéniablement humains qu’elles abordaient. Notre historien à doucement commencé à péter un câble à cet instant et à hurler quelque chose dont je me souviendrais toujours : Fantômes. À mesure qu’elles approchaient la panique a complètement gagné l’équipage qui s’est rapidement armé malgré les doutes sur l’efficacité des armes émis par l’historien. Puis ce fut la panique complète alors que parmi les visages fantomatiques certains reconnaissaient des proches. Je ne vous dit pas quelle fut ma frayeur en reconnaissant un ami d’enfance puis un vieux pirate dont j’adorais les histoires. La suite est encore plus confuse, entre les choses qui semblaient bouger avec la seule volonté de ses créatures, les tirs de l’équipage qui fusaient sans réellement viser. J’ai fui mon poste pour aller me réfugier dans un coin de la soute, c’était lâche mais au moins je suis encore en vie à ce jour. Je ne sais pas pourquoi ils ne m’ont pas trouvés où si ils s’en fichaient simplement… Quand, encore choquée, je finis par sortir de ma cachette assourdie pas le silence lourd qui n’augurait rien de bon. J’aurais été incapable de dire combien de temps avait passé. Je me mis en marche à travers le vaisseau espérant trouver quelqu’un, ma voix résonnait durement contre les parois et mon propre souffle me semblait oppressant. Pas de réponses au moindre appel et puis j’ai compris, une première fois en ouvrant le quartier d’équipage et puis une seconde au poste de pilotage. Il n’y avait personne debout, même personne d’entier. J’ai rendu la bile contenue dans mon estomac avant de fuir les yeux troubles. Je ne doute pas de l’image de moi même que je peux renvoyer en disant cela mais comment auriez-vous réagit vous en voyant vos compagnons, avec qui vous voyagiez depuis plus de trois ans pour certain morts, le sang étalé en une mare grossissante… Je me suis enfermée dans un coin où je ne pouvais rien voir de ses scènes d’horreur et suis restée prostrée un long moment.
J’ai fini par remettre mon corps en action après un long moment, la faim, la soif et la douleur dans mes bras me rappelant à l’ordre. Je ne pouvais simplement pas rester là ainsi. Je fit la seule chose qui me semblait à ma mesure et qui n’avait, malheureusement, pas grand chose de glorieux. Fermant les yeux et priant fort, je partis vers les senseurs et lançait un SOS. À moi seule il n’y avait rien d’autre que je puisse faire et je ne souhaitais pas non plus essayer car cela signifiait rester dans cette pièce avec la crainte de voir des formes bleuâtre sortir du corps de mes amis.
Un vaisseau de l’OCG a fini par me trouver, je ne donnais pas la meilleure image de moi même avec ma tenue salie, le sang remontant sur mes bottes et mon air encore effrayé… Je suis incapable de savoir ce qui c’est passé ensuite, j’ai du être transférée sur leur navire pendant qu’ils inspectaient le notre, j’aurais donné beaucoup pour un remontant des plus fort… Ils m’ont posé nombres de questions mais ne semblaient pas apprécier les réponses que je leur donnais, moi qui pour une fois leur disais la vérité. Je crois qu’ils ont remorqué notre bâtiments mais je ne saurais vous l’affirmer puis m’ont transportée à mon tour vers le relais de l’OCG le plus proche.
Je me suis retrouvée donc un peu par hasard dans le vaisseau qui nous amenait à la prison. Oui totalement par hasard même, le fait que je soit visiblement pirate et que nos soutes contiennent des marchandises pas très autorisées ici et visiblement, hum, empruntées à un vaisseau passé par là quelques jours auparavant et qui avait visiblement donné la description du bâtiment n’avaient rien à voir avec ce fait. C’est malheureux à dire mais au moins je n’étais plus hantée par les souvenirs de manière aussi oppressante que dans notre basic. Et l’idée de fuir la prison mobilisait suffisamment mon esprit pour ne pas avoir à m’en inquiéter, j’avais mieux à faire.
Pour certains d’entre vous c’est là-bas que vous m’avez rencontrée, j’estime donc ne pas avoir réellement besoin de vous conter la suite vous en savez autant que moi. Pour les autres si vous n’avez pas entendu nos précédentes aventures c’est que vous n’avez pas été assez attentifs.
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