Club la Lune Rousse (JdR) > Jeux et règles
Sombre
Johan Scipion:
16 démos aux ELFIC – mai 2015 – Châtenay-Malabry
photo Mathilde Chevallier pour Les Jeux Sont Faits
Les ELFIC et moi, ça commence à faire un bail. Et ce n'est pas un hasard car c'est vraiment une conv que j'aime beaucoup. Tellement que cette année, j'ai maintenu ma participation alors même que c'était une petite (grosse) folie. Parce que le week-end prochain, y'a Geekopolis, un grôôôs salon parfaitement éreintant. Vu que je ne suis pas encore tout à fait remis de mes aventures bretonnes et suisses d'il y a à peine quelques semaines, la chose intelligente à faire aurait été de décommander les ELFIC pour me concentrer sur Geeko.
Oui mais voilà, j'aime *vraiment* les ELFIC. Y'a un côté jeune et bigarré assez kiffant dans cette conv, façon mini festoche des cultures de l'imaginaire. De la littérature de genre, des illustrateurs qui aiment les mangas, des goodies geek improbables, des conteurs cosplayés, de la zique celtique, des gars en armure qui se bourrent la tronche et aussi, oui oui, du jeu, dont de rôle. Extrêmement sympathique.
À côté de ça, c'est un événement étudiant, organisé par de gens de passage dans leur école (Centrale, pour ne pas la nommer), ce qui n'est pas sans me poser certains soucis. Les orgas se repassant la patate chaude ELFIC d'une année sur l'autre, c'est hyper dur d'établir des relations de travail un tant soit peu solides. À peine tu commences à connaître les gens que déjà ils ne sont plus là. De ce point de vue, Eclipse est nettement plus confortable. C'est aussi une conv étudiante à la base (ou du moins, organisée dans des locaux universitaires), mais elle est adossée à un club de jeu de rôle, ce qui change un peu tout. Les orgas passent, mais les anciens ne sont jamais très loin, ce qui facilite vachement le taf.
Pour les RRX et les ELFIC, où la rotation des orgas est ultra rapide et les anciens quasi inexistants (plein de têtes nouvelles tous les ans, ça donne le tournis), c'est moins évident, surtout quand les transmissions ne sont pas tip top d'une édition sur l'autre. Résultat, cette année avant les ELFIC, petite mise au point sur les conditions d'accueil de Terres Etranges. Johan en mode chieur, ce que j'aime moyen. Monter sur mes grands chevaux d'auteur, c'pas trop mon style à la base. Heureusement, tout se finit bien dans le monde merveilleux des Bisounours qui éjaculent des arcs-en-ciel par leur bidon. Du coup, Terres Etranges se radine en force pour la conv, comme il était prévu.
Samedi, Julien tient le stand tandis que j'enchaîne les démos. On arrive en début d'aprème (le matin, y'a jamais personne), on s'installe en trois minutes montre en main et on passe direct au recrutement. Je mène, Julien renseigne les gens, fait de la retape pour le zine et gère les inscriptions pour les démos. Hyper efficace, le gars Julien. Du coup, cinq parties dans l'après-midi : du Dracula, de l'Overlord et même un Camlann, plus deux Deep space gore par Julien parce que bon, des fois faut quand même que je me pose un minimum. Mine de rien, manger un peu ça aide à tenir debout.
18h, remballage. Oui parce qu'aux ELFIC, la zone dévolue aux jeux sert aussi de cantine pour le repas du soir, toute une histoire à base de cochon grillé à la broche. Un truc sympa dans l'idée, mais qui en pratique confine à l'usine à gaz parce qu'il contraint orgas et exposants à une logistique d'enfer (heureusement, notre stand Terres Etranges se remballe en un tournemain). Surtout, le cochon interrompt l'activité de la conv durant trois bonnes heures. De 18h à 21h, bouffe. Et c'est, gnignigni, assez frustrant. Parce qu'à 18h, les tables tournent à plein régime et les joueurs n'ont pas encore faim. Dans une conv rôliste standard, la coupure aurait lieu vers 19h30/20h et le repas serait expédié en moins d'une heure à coup de sandwiches et de pizzas. Mais aux ELFIC non, on prend le temps de mangeailler tranquille.
Moi, je migre. Démonte le stand, récupère mes gros sacs et monte vers la salle du haut. Car il y a, deux étages au-dessus de la zone de jeu, une pièce dévolue aux parties longues et gérée par les kopaings d'Opale. Ils ont leur stand juste au pied des marches qui mènent à la dite salle. Elle a une belle surface, mais c'est un gros cube tout vide avec un plafond très haut, donc super sonore. Y'a un écho de folie, qui pousse les meneurs à se délocaliser sur la terrasse pour être plus au calme. Moi perso, je préfère me la jouer indoor. Après mon aprème de démos, je suis demi zombie. Bien qu'il fasse plutôt beau dehors, je me connais : si je joue dans le vent, même suréquipé en écharpe et bonnet, sûr et certain que je chope la crève. Et ça, je ne peux pas me le permettre. Le week-end prochain, c'est Geeko. Et Geeko malade, ce serait une torture.
Du coup, je récupère la petite table carrée que personne ne veut (les rôlistes préfèrent les grandes rondes ^^), me pose dessus, kidnappe des chaises et continue à recruter. Ça marche plutôt bien : un Dracula à onze joueurs (ouais, onze !), un Toy Scary à six et, après une petite pause repas en compagnie de Julien et Polo (qui nous à rejoint après son taf), un Grimmies et un autre Toy Scary. Enfin, pour finir la soirée, un dernier Overlord. Julien qui se tâtait pour une partie longue en nuit, y renonce finalement et rentre chez lui. Polo, quant à lui, déroule une trilogie Cthulhu DDR en nocturne, avec huit puis neuf joueurs. Moi qui suis rincé de chez lessivé, je vais me pieuter. Dix parties dans la journée, ça crève.
Le lendemain, rebelote. Remontage de stand et démos à gogo. Comme d'hab', pas grand monde en matinée, puis ça se monte tranquille en aprème. Les conditions ne sont pas optimales, mais c'est le lot du jeu dans les événements qui ne sont pas pur rôlistes. Dans une conv JdR, tu n'aurais pas toutes les heures des gars qui viennent brailler de toute la force de leurs poumons pour attirer le chaland vers leurs animations, contes et autres tournois médiévaux. Tu n'aurais pas non plus, et ça quand même ce fut bien hardcore, de groupe de musique celtique en concert à huit mètres des tables de démo. J'ai rien contre le violon, le tambourin ou la harpe. Ça fait glong glong et c'est joli. Mais à donf les ballons pendant que je mène, j'avoue que c'est hyper rude. M'a rappelé les pires moments du Monde du Jeu, tiens. Rhâââ Dance Dance Revolution, cette pure engeance ! ^^
Du coup, je re-migre. J'abandonne lâchement Polo sur le stand et remonte vers la salle de l'étage, où je me remets à enchaîner les démos sur ma petite table carrée à moi que je l'aime. Au total, six dans la journée. Pas mâââl. Et quand je redescends, je trouve Polo en train de mener un Overlord directement sur le stand. Cet homme est un warrior. Total respect.
Au final, une excellente édition des ELFIC. Plein de démos, de joueurs top sympas (une centaine à ma table quand même), plein de kopaings, de têtes connues, de fatigue aussi. Bon sang, dans le RER du retour, j'étais au radar. Et bien sûr, j'allais les oublier, les fameux Vécés of the dead, un film d'horreur que quand t'es aux chiottes, ça ferme pas et que quand tu te torches, c'est avec des serviettes en papier. Le jeu de rôle est une épreuve de survie qu'on vous dit.
Les mercis
Merci aux orgas, tous ces jeunes gens habillés en vert, aimables, réactifs et fort serviables.
Merci à Opale pour l'aide au recrutement et la mise à dispo d'une table de repli lorsque sévissaient le cochon et les ziquos celtiques.
Et bien sûr, un super merci à Julien et Polo. Ce fut vraiment supra cool de bosser avec vous durant ce week-end, les gars.
Mon body count
16 parties, 99 joueurs, 74 morts.
*
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Johan Scipion:
12 démos à Geekopolis – mai 2015 – Paris
photo Christophe Delsart pour Opale
Il ne fait pas encore jour à Philadelphie quand Johan se lève, enfile sont survêt' gris et son 'tit bonnet, gobe deux œufs crus, s'étire puis sort dans la nuit pour son footing matinal. Il court après un train dans le soleil levant, choppe des poulets avec les mains, tape dans des quartiers de bœuf et fait des pompes sur une main. Johan, il a l'œil du tigre.
Et heureusement d'ailleurs, parce que c'est un petit poil rude. Le week-end dernier, pas moins de seize démos aux ELFIC, et le mois d'avant, Eclipse et Orc'idée enchaînées. Le premier qui me dit que le JdR c'est pas du sport, je lui balance mon carton de zines à la tronche.
Or donc, Geekopolis troisième du nom, deuxième édition à Porte de Versailles. Toujours aussi fun, toujours aussi jeune, toujours aussi bordélique. Ah non, je mens : les plans sont mieux et y'avait même quelqu'un qui, en dernière minute, y avait collé des pastilles « Vous êtes ici ». Bon, ça ne m'a pas empêché de me perdre deux fois le samedi en revenant des chiottes. Oui parce que les toilettes, y'en avait que deux, et super loin de la Zone de jeux, là où que j'étais en train d'enchaîner les parties comme un gros taré.
La deuxième fois que je me puis paumé, ce fut juste épique. Je raconte. Donc je suis sur le Laboratoire du jeu de rôle, parmi tout un tas d'autres meneurs drivés par Opale, et je bois beaucoup. De l'eau, hein. Parce que sinon, je me tue la gorge. Car Geeko est un gros salon bien bruyant, avec une scène et des animations musicales. Par là-dessus, la surface du stand JdR n'est pas énorme eu égard au nombre de tables qu'il abrite (elles n'ont bien sûr pas désempli du week-end, énorme succès comme à l'habitude). En clair, y'a grave du brouhaha. Donc je picole pour garder un peu de voix et tenir les deux jours. Mais forcément, quand je picole, je pisse.
Et là, c'est le drame.
Expédition jusqu'aux toilettes. On est samedi, je n'ai pas eu le temps de visiter le salon avant de me mettre à bosser, je découvre. À l'aller, ça va. Je trouve les chiottes sans trop de souci. Au retour par contre, je me perds dans le dédale des allées. Oui parce que dédale, c'est bien le mot. Ça poppe de tous côtés, ça fait des méandres, des tours et des détours. J'ai le tournis. Enfin, je rejoins le Lab.
Un peu plus tard dans l'après-midi, nouvelle expédition pipi. Mais là, j'ai pris des points de repère : le stand mangas Machin, l'expo murale bidule, tout ça. Rien n'y fait. Johan perdu de chez perdu en plein milieu du salon. Co-mi-que. Je croise une petite troupe d'Opaliens en goguette, qui me donne des indications. Ça marche pas. Toujours pedu. Enfin, je tombe Julien des Chroniques d'Altaride, qui lui sait où il va. Rhâââ trop bien ! Donc je le suis. Vingt secondes plus tard, on est perdus à deux. É.N.O.R.M.E !
Le dimanche, quand même, ça va mieux. D'une, j'ai compris que l'enseigne Zone de jeux est un piège : positionnée à l'angle de deux allées, elle est parfaitement invisible quand on arrive de côté. Ensuite, j'ai mis au point un système de guidage à l'odorat : le stand Haribo et ses millions de bonbecs, puis le traiteur asiate. Et au retour, l'inverse. Pas forcément le chemin le plus court, mais au moins j'arrive à bon port. Bon sang, ces aventures qu'on a dans les salons, quand même...
Côté taf, super cool. Je bosse avec les gens d'Opale et ils assurent grave. Déguisés en laborantins fous, ils me recrutent des joueurs et me les amènent directement à ma table. Royal. De mon côté, j'enchaîne les parties à raison de six par jour du début de l'après-midi à la fermeture. C'est sportif. Le dimanche surtout car je fais autant de parties que la veille avec une heure de moins (le salon ferme plus tôt pour le démontage).
Durant ces deux jours, je n'ai mené que de l'Overlord et du Dracula, mes deux scénars les mieux adaptés aux public de Geeko, qui est hyper mélangé (plein de débutants et de noobs complets, dont pas mal d'ados) et, gros salon oblige, plutôt nombreux : des parties à six, sept, huit et même neuf joueurs (dont un gars debout, y'avait pas assez de chaises !). Absolument éreintant, mais trèèès fun.
Geekopolis c'est bon, mangez-en.
Les mercis
Super merci à Opale pour l'invitation, l'orga et le recrutement. Ce fut excellent de bout en bout. Vous roxxxez du poney moldave, les gens.
Spéciale dédicace à Raph et Pacco, qui ont mené mon jeu à leur table. Car oui, je n'étais pas le seul à dérouler du Sombre sur Geekopolis cette année et ça a fait bien chaud à mon petit cœur d'auteur.
Mon body count
12 parties, 77 joueurs, 62 morts.
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Johan Scipion:
5 démos au colloque Les 40 ans du JdR – juin 2015 – Paris
photo Eric Dubourg
Me revoilà parti pour une après-midi de démos au Dernier Bar avant la Fin du Monde. Si vous suivez un peu les comptes rendus de mes sombres aventures, vous savez que la dernière fois, j'en étais revenu avec une impression mitigée. Du fun et du moins fun, comme souvent au Dernier Bar.
Sauf que là, c'est différent : il ne s'agit pas d'une animation dominicale standard, comme j'en ai assuré un bon paquet l'année dernière, mais de démos dans le cadre d'un colloque universitaire. Oui parce que quand on sort de la fac, c'est bien connu qu'on va se bourrer la gueule dans le premier bar branché qu'on croise. Une tradition pluriséculaire, nom de Dieu.
Et moi, ça m'intéresse. Pas trop le colloque en lui-même, parce que 1/ la jeuderologie n'est pas tout à fait ma tasse de thé (je préfère quand ce sont des gars comme Brand qui le font, ils sont vachement plus compétents que je ne le serai jamais) et que 2/ dès lors qu'il s'agit de vider le trop plein d'idées de mon gros cerveau, j'ai ma propre tribune, qui me va pile poil bien : le fanzine Sombre, dans lequel je publie (aussi) des articles. Donc le colloque, j'ai esquivé. La journée de démos à suivre me convenait par contre carrément bien. Là, je me sentais dans mon élément.
Donc je me pointe tranquillou au Dernier Bar, où que y'a déjà tout un nid de rôlistes qui bourdonnent. Plein de têtes connues et de kopaings, dont pas mal d'Opaliens. Je pose mes affaires, serre des louches, claque des bises. Pour ce qui est des auteurs/meneurs, y'a carrément du beau monde. Putain, j'ai même pu croiser Thomas Munier (qui a mené du Millevaux motorisé par Sombre) durant exactement quatre secondes, avant que nos obligations ne nous rappellent à nos tables respectives. Ouais, on est les speedsters du JdR ! :-D
Comme les parties tournent depuis la fin de matinée et que je me pointe en début d'aprème (les démos matinales, c'est moyen mon truc en général), y'a déjà pas mal de gens qui jouent au premier sous-sol. Hyper bruyant. Je pousse mon exploration jusqu'au deuxième sous-sol. Le bar du bas n'est pas ouvert, mais les salles oui car il s'y déroule un tournoi Pokémon. Je cause avec les orgas, qui m'apprennent qu'ils n'utilisent en fait que la salle médiévale, celle du fond. Je demande la permission de squatter la petite salle SF et on me répond que y'a pas de souci. Kewl.
Une partie plus tard, tandis que les orgas Pokémon on remballé leur stand d'accueil, je migre à ma place habituelle, devant le bar du bas. Pure question de logistique : dans la salle SF, les tables sont fixes, ce qui pose problème pour accueillir beaucoup de gens autour. Or je vais assurer deux parties à sept joueurs durant cette aprème. Parce que l'effet colloque est bien cool : je recrute fastoche du rôliste en stand-by, des gens qui attendent entre deux parties longues, et complète avec des clients lambda. Carrément royal.
Les parties sont trèèès sympa, de l'Overlord, du Dracula avec plein de monde et même un Grimmies pour une table de vieux routards (spéciale dédicace à Fred, venu avec son édition princeps de Sombre 1. Un early bird, un vrai !). On s'en doute, le volet promo fut nettement plus satisfaisant que lors de mes précédentes incursions au Dernier Bar. Cette fois-ci, je n'ai pas eu l'impression de pisser dans mon violon rôliste et ça m'a mis la banane. En sortant, j'étais lessivé mais très content. Les colloques JdR dans des bars c'est bon, mangez-en.
Mon body count
5 parties, 28 joueurs, 26 morts.
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Johan Scipion:
4 démos au club Arcane – juin 2015 – Champigny-sur-Marne
photo Daniel Eymard pour le club Arcane
Ce fut une longue, très longue, très très longue semaine. Dimanche dernier, Colloque des 40 ans du JdR au Dernier Bar (5 démos). Mardi, IRL Opale (2 démos + 1 playtest plutôt cool. Hé, mon nouveau scénar Zéro, celui où qu'on joue des chats, commence à prendre tournure). Hier, Le labyrinthe de la mort, quickshot solo avec une petiote de six ans (du Zéro premium qui dépote). Entre tout ça, pas mal d'obligations de la vraie vie, de l'administratif en veux-tu, je t'en donne, de la relecture, des allers retours chez l'imprimeur et, oui oui c'est possible, un peu d'écriture. « Le sommeil, c'est pour les faibles. Moins tu dors, plus t'es fort », me dit Benjamin Frébourg. J'opine à mort.
Pour finir cette semaine de fôôôlie, une après-midi de démos en club, ce qui ne m'arrive pas souvent. La dernière fois, c'était il y a six mois, au Cercle des Investigateurs de Saint-Michel-sur-Orge. Une fois par semestre, c'pas les cadences infernales, hein ? Le fait est que je ne vais pas au devant de ce genre d'événements. En fait si, j'ai tenté une année de faire le tour des forums des clubs de ma région pour proposer des séances de démos. Échec sur toute la ligne, façon « J'aime l'odeur du napalm au petit matin ». Ça m'a bien calmé.
Je schématise (et mon expérience au Cercle fut un bon contre exemple) mais mon sentiment général est que les gens ne viennent pas en club pour découvrir de nouveaux jeux. Ils y viennent pour jouer sur un rythme hebdomadaire une ou plusieurs campagnes à des jeux qu'ils connaissent et apprécient déjà, ou que d'autres ont découvert pour eux (mais ailleurs, sur le Net, en conv, en boutique). Donc forcément, quand un auteur se pointe pour faire connaître sa prod, ça dérange plus qu'autre chose. Quand je l'ai eu compris, je me suis mis en stand-by : je ne propose rien, j'attends qu'on vienne me chercher. Ce fut le cas de Laurie et Alexis du Cercle des Investigateurs. On s'était croisés à Geekopolis, ils avaient accroché à mes démos et m'avaient ensuite mailé.
Je ne me rappelle plus exactement comment j'ai noué le contact avec le club Arcane. Ça remonte à un bail, du temps de leur ancien prez, et ça avait lamentablement capoté à l'époque, le gars qui devait me véhiculer s'étant désisté en dernière minute. Découvrant l'anecdote au détour d'un post sur le forum d'Opale, Daniel, le nouveau secrétaire, m'avait joint pour me proposer de remettre ça dans de meilleures conditions. Démarche pure sympa et très pro, je trouve.
Bon, j'avoue que j'étais quand même moyen emballé parce que la première fois, les réactions à l'annonce de ma séance de démos n'avaient pas été d'un fol enthousiasme. Mais faut savoir sortir de sa petite zone de confort. Et puis, Daniel me semblait un gars sérieux, et moi j'aime bosser avec des gens sérieux. Donc hop, je dis oui. On cale ça pour fin juin, on (re)fait un peu de retape sur le forum du club et comme attendu, ça ne déplace pas les foules. En intégrant le facteur « Super désolé, désistement de dernière minute parce que poney », ça sent le plan à trois ou quatre présents. En fait, ils sont huit, Daniel compris. Bonne surprise.
Sur le tas, deux habitués de la table de DeathAmbre, qui donc connaissent bien Sombre, Didier, un gars que j'ai déjà eu plusieurs fois à ma table en conv, au Grand Nain Porte Quoi notamment, et un dernier joueur qui a fait un Toy scary dans une autre conv. Plus Daniel bien sûr, déjà aware du jeu. Restent trois joueurs qui vont vraiment le découvrir, ce qui ne fait pas lourd pour une aprème entière de boulot. Du coup, je saute sur un ado et sa mère, venus au club pour une inscription. De l'ado, hein, pas de la mère, plutôt ludo-réticente. Mais hé, ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude d'asseoir des noobs à ma table. Hop, un petit Overlord très sympa (la photo qui ouvre ce post).
Après leur départ, j'enchaîne. Un Grimmies d'abord, puis un Dracula et un Darkly Dozen (aaah, y'avait longtemps) avec tout le monde. 8 joueurs donc. En tout, quatre parties, entrecoupées de discussions sur Sombre. Les joueurs sont cool, les parties fun, les causeries détendues. J'argumente pied à pied sur les fondamentaux de Sombre, défends mon jeu, ma démarche, jusqu'au ciné d'horreur (ouais, je pars de loin). Et ne convaincs strictement personne. Les gens sont polis, leurs critiques à la fois modérées, respectueuses et argumentées (ça fait plaisir), l'ambiance sympathique. Mais sur le fond, c'est un échec total. Can't win them all, hein.
Évidemment, ça me fait cogiter. Comme l'autre jour au Dernier Bar, je me pose des questions métaphysiques sur le volet promo de mon boulot. Cette après-midi au club Arcane, j'avais à table des rôlistes a priori réfractaires. Pas qu'ils ne se soient pas pliés de bonne grâce à mes démos, mais c'était juste pas du tout leur tasse de thé. Ce sont des joueurs expérimentés, qui mènent et/ou jouent en campagne dans de gros univers persistants, apprécient les jeux d'aventures, les PJ (plus ou moins) héroïques et, je le subodore, les systèmes un peu denses. Moi, je propose de jouer de pures victimes dans des parties de 15 minutes avec des règles ultra légères. On n'est pas sur la même planète rôliste.
Ce n'était pas une surprise. Je savais dès le départ que ça allait être l'Everest en tongs, et je n'ai pas été déçu. Mais j'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas trop comment résoudre le problème. Je pourrais mener du Classic en long, du House par exemple ou un quickshot. C'est le système et le format qui conviendraient le mieux à leurs profils rôlistes. Bon, il faudrait quand même que je leur fasse avaler la pilule du PJ-victime et du système en sept pages seulement, mais pour le reste, on s'approcherait du JdR dont ils ont l'habitude. Je l'ai fait autrefois dans certains clubs, au Cercle Fantastique et à Légendes d'Autres Mondes notamment, mais ne le veux plus parce que c'est épuisant. Quatre à six heures de gros gros taf pour, au final, toucher quatre ou cinq joueurs, c'est rude. Même si ça fait ensuite tache d'huile, un meneur motivé pouvant contaminer une bonne partie du club, ça reste hardcore.
Alors, y'a aussi le court. Pas aussi proche du JdR classique que le long, mais quand même moins radical que le flash. Niveau fatigue, les formats d'une heure sont plus gérables que les longs, y compris en quickshot. Là non plus, je ne me sens plus trop de faire du Classic. J'ai re-mené du White trash dernièrement, pour valider quelques petites innovations avant sa publication dans Sombre 4, mais je ne me vois pas en faire une habitude. Zéro est tellement mieux adapté au court, ne serait-ce que parce que l'explication des règles est beaucoup plus rapide.
Pour tout dire, j'avais NASM et du matos pour quickshoter en Zéro dans mon sac (20 minutes de brainstorming, 40 de jeu, comme je l'ai fait en playtest ces derniers temps), mais ne l'ai pas sorti. J'ai préféré m'en tenir à du flash car je n'étais pas en jambes pour du court. J'avais une trop grosse semaine dans les pattes. Par ailleurs, ça n'aurait pas réglé la question du cast pléthorique. Avec Dracula, je monte jusqu'à 11 joueurs. 12 avec Dozen. En quickshot format 1 heure ou avec NASM, je suis à 4 seulement, 5 si je pousse le truc dans ses derniers retranchements (mais ça devient inconfortable à mener). Or là, j'avais 8 joueurs.
Ct'un peu la quadrature du cercle et je ne suis pas certain de vouloir solutionner le problème. En général, quand j'en identifie un, je réagis en développant une variante, voire une variante de variante, et/ou un scénario spécifique. Mais pour un event tous les six mois, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Je doute vachement.
--- Citation de: Sur le forum de Terres Etranges, Badury ---La solution : Sombre Max ;-) !!! ???
--- Fin de citation ---
Mais j'en ai fait !
The Dirty Dozen est un scénar Max. Sauf qu'il est overbourrin et super court. C'est du flash. J'ai hésité à venir avec L'appel du bayou, un autre scénar Max narrativement plus élaboré, et qui aurait sans doute mieux répondu aux attentes de mes joueurs, mais y ai renoncé. La faute à la fatigue, et à l'impréparation aussi un peu (je ne l'ai playtesté qu'une fois et ce n'est pas encore assez pour être en confiance).
Au delà du système, la question est celle du format. Quatre heures de démos, ça crève. Et même si certains scénars sont plus exigeants que d'autres (DSG est redoutable à ce niveau et c'est pour ça que je ne le mène plus), on peut dire grosso merdo que ça crève d'autant plus que les démos sont longues. Parce que plus tu mènes long, moins t'as de pauses. À conditions de jeu égales, quatre parties flash sont moins fatigantes que deux parties courtes, elles-mêmes moins fatigantes qu'une partie longue. Et bien sûr, l'impro est plus crevante que la maîtrise d'après scénar.
Or je cherche à me ménager parce que sinon, je ne tiens pas la distance. Là déjà, c'est super sportif. Je suis disposé à faire ponctuellement de gros efforts quand je pense que le buzz en vaut la chandelle. À Geekopolis par exemple, j'enchaîne le flash bite à cul pendant quatre ou cinq heures dans une ambiance super bruyante. Ça me met sur les rotules, mais plusieurs dizaines de personnes s'assoient à ma table en une aprème. Niveau promo, ça dépote.
Hier, j'ai eu huit joueurs, dont seulement trois ne connaissaient pas le jeu. C'est pas le même braquet, donc forcément j'y vais un poil plus à l'économie. Toutes proportions gardées, hein, j'ai quand même déroulé quatre démos en quatre heures. Ça reste du gros taf. J'étais crevé en sortant et n'ai pas fait grand-chose de très productif en soirée, juste écrit le CR. Mais aujourd'hui, je suis opérationnel. Si j'avais mené un quickshot long, ou deux ou trois courts, je serais encore en train de récupérer. Ce n'est pas du tout gérable vu la masse de taf en retard que j'ai accumulé ces dernières semaines.
Clairement, je ne peux pas me permettre de rentrer chez moi le soir totalement défoncé par des démos pour trois joueurs seulement. En fait, je ne le peux plus. Il y a quelques années, ça le faisait encore, mais mon rythme était moins trépidant. Je faisais moins de convs et ne publiais pas le fanzine. Depuis, je n'ai pas rajeuni et ma charge de travail s'est considérablement alourdie (ce qui est übercool bien sûr, je kiffe d'être invité à droite à gauche et d'éditer la revue). Mais le résultat est que si j'essaie de gérer mon bizness comme il y a encore cinq ou six ans, j'y laisse ma santé.
Au final, la question de fond est : est-ce que les démos en club valent encore le coup ? Si c'est comme au Cercle en décembre, clairement oui. C'était de la grosse balle. Mais si c'est comme samedi, est-ce que je n'accumule pas la fatigue pour pas grand chose ? N'aurait-il pas été plus raisonnable et utile de consacrer cette journée à l'écriture de Sombre 5 ? Je suis dans une période où je commence à devoir prioriser. C'est ça ou le surmenage.
Je l'écrivais déjà dans les premiers temps de ce forum et c'est plus que jamais vrai : Sombre n'est pas un sprint, mais une course de fond. Et je dois tenir la distance.
Mon body count
4 parties, 25 joueurs, 18 morts.
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Johan Scipion:
Sombre jeu du mois sur le Grog !
--- Citation de: Dans son édito, le Grog ---Sombre : Fuyez tant que vous pourrez, vous ne passerez pas Juillet
Une partie de jeu de rôle de 30 minutes, où tous les personnages trépassent un à un. Pour bien des jeux ce serait une anomalie entraînant l'incrédulité et la révolte des joueurs ! Pas pour Sombre. D’honnêtes individus de tous âges, de l’enfant pré-pubère au rôliste blanchi sous le harnais en passant par le figuriniste voire l’élève de Polytechnique, tous se mettent à vouloir être des victimes dans un film d’horreur et ressentir la peur, comme au cinéma. Sombre c'est le total-player-kill érigé comme un art de vivre, de vivre une intense expérience de jeu de rôle !
Les raisons de cette réussite se trouvent à la fois dans l’originalité du propos (jouer des victimes de films d’horreur est une expérience relativement peu proposée en jdr), la fiabilité d’un système qui est l’un des plus playtestés au monde et dans la modularité du jeu. En effet, en plus des scénarios et de nombreux conseils, les trois premiers opus de Sombre déclinaient chacun des styles de jeu différents, aux arômes de cola. Jouer sur un coin de table, des one shot courts et endiablés, c’est possible avec Sombre Zéro. Incarner de gros durs confrontés à encore plus dur qu’eux c’est possible avec Sombre Max. Sans oublier la variante classique, Sombre, qui permet de jouer les traditionnelles victimes des films d’horreurs : une bande d’étudiants-campeurs-survivants de l'apocalypse (rayer la mention inutile ou mélanger le tout) confrontés à des hors de zombies-fermiers dégénérés-loup-garous (idem). On aurait pu donc croire qu’avec ces trois propositions, différentes mais toutes réussies, l'auteur de Sombre, Johan Scipion, avait dit son dernier mot.
Mais, tel Michael Myers, l’homme au bandana est increvable et, alors que son bodycount atteint des sommets statistiques au fil des conventions qu'il hante en toute impunité, l’auteur de Sombre est de retour ! Sombre 4 contient d’abord White Trash, vingt pages de péquenauderie appalachienne, flingueuse, tranchante et psychopathe. Johan Scipion rappelle ainsi qu’il est un excellent auteur de scénario. Mais la suite prend le risque de sortir des sentiers battus, fussent-ceux qui explorent le thème de la consanguinité en contexte post-industriel de moyenne-montagne. En effet, les deux articles qui suivent donnent de nombreux conseils pour mettre en scène Sombre. Le premier propose une réflexion sur la création collaborative, le second dissèque House of the Rising Dead, scénario paru dans Sombre 1. Distribuant des conseils clairs, pédagogiques et appuyés sur son incroyable expérience, Johan Scipion donne ici un vrai cours d’écriture scénaristique. A l’heure où le sandbox est à la mode mais ne se résume souvent qu’à des tables et des listes aléatoires et que la réflexion sur la création rôlistique se perd parfois dans des méandres théoriques verbeux, Sombre 4 propose des conseils utiles et une réflexion pertinente sur ce qu'est un scénario pour un jeu d'horreur. C’est cet effort pédagogique et la qualité du contenu, ainsi que la démarche toujours obstinée de l’auteur pour populariser le JdR, que les matelots du grog ont voulu récompenser par ce titre de jeu du mois.
--- Fin de citation ---
Je m'enduis d'autosatisfaction et me roule dedans comme un gros cochon. Merci tout plein aux matelots du Grog.
Les gars, votre timing est juste parfait. C'est le genre de petite douceur qui me met du cœur à l'ouvrage au moment où j'attaque le gros morceau de l'écriture de Sombre 5.
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